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Cochon Double, l’art d'un rock aux punchlines fatalistes

L'artiste romand Cochon Double au centre, entouré de son groupe de scène. [DR]
Cochon Double, lʹart des punchlines fatalistes / Vertigo / 7 min. / le 30 mars 2023
Le Neuchâtelois Cochon Double publie "En attendant de mourir". Un deuxième album entre rock et chanson, né durant l’ennui du semi-confinement, qui s'avère plein d’étrangetés sonores, de beats incisifs, de punchlines désarmantes de cynisme et d'humour. Vernissage sur scène ce vendredi soir à Genève.

Le chanteur et musicien Brynjar Thorsson, tête pensante de Cochon Double, a souhaité au coeur du marasme pandémique imaginer des morceaux plutôt positifs. Pourtant, les choses ne semblent toujours pas aller si bien que cela depuis la sortie de "Bruxisme" voilà trois ans où il se délectait de ses sombres états d'âme dans une production rock au cordeau de Louis Jucker.

"La révolution c’est bien, mais la bière c’est mieux"

En effet, après avoir chanté sa "vie de merde", Cochon Double continue de véhiculer dans son répertoire ce mélange de fatalisme, d’échec, de noirceur, d’absurde et de cynisme sur les douze titres composant "En attendant de mourir".

Il se dit ainsi "trop fatigué pour réussir à penser", affirme que "plus il végète plus il regrette" et finit par clamer tout au long d'une chanson que "La faiblesse de l’âme est une maladie". Ailleurs, sur une même thématique qui évoque la difficulté de changer, une irrésistible résignation, Cochon Double estime que "la révolution c’est bien, mais la bière c’est mieux". En attendant de mourir, il continuera donc d’être lâche… "Il ne se passe pas que des choses horribles dans ma vie, mais c'est vrai que j'ai plus de peine à mettre les jolis moments en chanson et donc à les partager", estime Cochon Double qui délivre des réponses aussi laconiques que ses slogans chantés.

De l'humour au cœur de formules désespérées

Derrière ce sobriquet de Cochon Double que sa mère donnait à Brynjar Thorsson quand il refusait de prendre sa douche, il injecte heureusement aussi beaucoup d’humour. Et ses formules désespérées prennent leur source dans des registres musicaux pas forcément attendus: "Au début, j'écoutais beaucoup de post-punk, Pere Ubu, puis ensuite des groupes comme The Brian Jonestown Massacre et des choses plus psychédéliques, avant d'écouter pas mal de chanson française et surtout Alain Bashung. Désormais, j'écoute davantage un artiste comme Neil Young et aussi de la country".

A l'écoute du répertoire d'"En attendant de mourir", on songe plutôt parfois au sens de la formule qui claque de Dick Annegarn qui serait passé en mode rock'n'roll ou aux noirceurs répétitives d'un groupe comme Diabologum dans les années 1990. Et c'est une qualité.

Olivier Horner

Cochon Double, "En attendant de mourir" (Hummus Records).

En concert-vernissage au Rez de l’Usine, Genève, le 31 mars. Avec Quentin Sauvé, Monument et Ilajan, trois autres artistes du label Hummus qui vernissent leurs disques.

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