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L'Opéra de Lausanne propose un "Candide" de Bernstein des plus flamboyants

La production de "Candide" de Leonard Bernstein à Lausanne. [Opéra de Lausanne - Jean Guy Python]
La production de "Candide" de Leonard Bernstein à Lausanne. - [Opéra de Lausanne - Jean Guy Python]
"Candide" de Leonard Bernstein est à voir actuellement à l'Opéra de Lausanne dans une mise en scène signée Vincent Boussard et des costumes réalisés par Christian Lacroix. Une production dans laquelle la soprano lausannoise Marie Lys incarne avec brio le rôle principal féminin.

Créé en 1956, "Candide", opérette de Leonard Bernstein adaptée du conte philosophe de Voltaire, connaît des débuts difficiles. Le public est déconcerté par le contenu et par la forme de cette oeuvre hybride située à la croisée entre l'opéra et le music hall. "Candide" est jugé trop sérieux et trop "premier degré".

Malgré ces critiques, la musique de Bernstein est tout de suite appréciée et reprise par de nombreux orchestres. C'est peut-être ce qui a poussé le compositeur et chef d'orchestre américain à remanier l'oeuvre et le livret à plusieurs reprises, jusqu'à lui donner une forme définitive en 1988, deux ans avant son décès. Cette version, présentée sous l'intitulé de "comic operetta" - car toujours aussi inclassable - propose une intrigue plus fidèle au texte du célèbre penseur français du XVIIIe siècle.

Dénoncer l'intolérance et l'arbitraire

Dans ce récit satirique et philosophique, Voltaire développe les thèmes de l'intolérance et de l'arbitraire, aussi bien politiques que religieux, à travers son personnage de Candide, un éternel naïf qui reste optimiste et amoureux malgré les catastrophes et horreurs qui lui tombent dessus ou dont il est le témoin. Une manière pour l'écrivain des Lumières de mettre à mal les thèses défendues par Leibniz, intellectuel allemand représentant la philosophie optimiste.

L'histoire débute en Westphalie au château du baron de Thunder-ten-tronckh. Tout semble aller "pour le mieux dans le meilleur des mondes", selon les principes insufflés aux enfants du baron -  Cunégonde, son frère Maximilien - et à leur cousin bâtard Candide, par le philosophe Pangloss. Tout ce petit monde mène une vie paisible jusqu'au jour où Candide est surpris en train de déclarer sa flamme à Cunégonde. Il est chassé du château.

Débute alors une série de malheurs et de catastrophes (guerre, inquisition, naufrages, éruption volcanique...) qui forcent Candide, mais également les autres protagonistes qu'il va croiser à diverses occasions, à réaliser un tour du monde des plus improbables. Accablé par toute cette série de déconvenues, cet éternel optimiste finit par se murer dans le silence. Entouré de ses compagnons d'infortune avec lesquels il partage une maison dans la région de Venise, il essaiera alors d'accéder à un bonheur terrestre en "cultivant son jardin".

Une production flamboyante

Le ténor américain Miles Mykkanen, excellent dans le rôle de "Candide". [Opéra de Lausanne - Jean Guy Python]
Le ténor américain Miles Mykkanen, excellent dans le rôle de "Candide". [Opéra de Lausanne - Jean Guy Python]

L'Opéra de Lausanne propose pour la première fois ce "Candide" de Bernstein, oeuvre bien moins jouée et connue que son fameux "West Side Story". Une production flamboyante placée sous la direction musicale du chef américain Gavriel Heine, à la tête de l'Orchestre de Chambre de Lausanne, dans une mise en scène inventive de Vincent Boussard et des costumes imaginés par le grand couturier Christian Lacroix.

Prévue initialement en mars 2020, cette production, jouée et chantée en anglais, avait dû être reportée en raison du Covid. C'est donc avec une joie sincère et partagée sur scène et dans le public que la première représentation a pu se dérouler dimanche en fin d'après-midi.

Sur le plateau, le choeur de l'Opéra de Lausanne, incarnant la bonne société, surplombe et commente les aventures de Candide, magnifiquement interprété par le ténor américain Miles Mykkanen, familier du rôle, et de Cunégonde, jouée avec brio par la soprano lausannoise Marie Lys, dont toute l'étendue des talents musicaux et scéniques est magnifiée dans "Glitter and Be Gay", l'un des airs les plus connus et les plus difficiles de l'oeuvre.

>> A écouter: l'interview de la soprano suisse Marie Lys qui interprète Cunégonde dans la production lausannoise de "Candide" de Bernstein :

La soprano suisse Marie Lys dans "Candide" de Bernstein. [Opéra de Lausanne - Jean Guy Python]Opéra de Lausanne - Jean Guy Python
"Candide" à Lausanne, Marie Lys chez Bernstein / L'Echo des Pavanes / 48 min. / le 12 novembre 2022

A leurs côtés, on retrouve dans les rôles principaux la mezzo-soprano Anna Steiger (la vieille dame), le baryton Franco Pomponi, (Pangloss), le baryton suisse Joël Terrin (Maximilien) et la mezzo-soprano Béatrice Nani (Pâquette). Sans oublier le récitant Mike Winter qui allie aisance scénique et humour dans son rôle de maître de cérémonie.

Andréanne Quartier-la-Tente

"Candide" de Bernstein, Opéra de Lausanne, les 16, 18 et 20 novembre 2022.

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