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L'Institut littéraire suisse fête ses dix ans à travers plusieurs événements

L'Institut littéraire suisse à Bienne [institutlitteraire.ch]
LʹInstitut littéraire suisse de Bienne célèbre ses dix ans / Versus-lire / 36 min. / le 29 novembre 2016
L'Institut littéraire suisse à Bienne propose un cursus universitaire en écriture littéraire en français et en allemand depuis 2006. Unique en Suisse, cette formation qui célèbre ses dix ans a désormais trouvé sa place.

C’était à l’automne 2006, une première volée bilingue d’étudiants entamait son cursus au sein de l’Institut littéraire suisse établi à Bienne. Cette nouvelle structure avait pour mission d’offrir une formation solide à des jeunes désirant professionnaliser leur pratique de l’écriture.

Dix ans plus tard, l’Institut s’apprête à diplômer son centième étudiant. Plusieurs d’entre eux ont aujourd’hui réussi à se faire leur place sur la scène littéraire francophone. La légitimité de leur formation n’est plus remise en question par les sceptiques.

Pour célébrer cette première décennie de succès, la directrice de l’Institut, Marie Caffari, a imaginé plusieurs événements et projets d’écriture qui se dérouleront jusqu’à l’automne prochain.

L’idée du siècle

L’idée de créer un Institut littéraire en Suisse a germé au début des années 2000 au sein de l’Association des autrices et auteurs de Suisse (AdS). Le constat était simple: s’il existait déjà dans notre pays des écoles spécialisées pour les apprentis comédiens, pour les musiciens et pour ceux qui se destinent aux arts visuels, aucune formation n’était à disposition pour ceux qui souhaitent perfectionner leur pratique de l’écriture créative, si ce n’est dans quelques ateliers d’écriture proposés par différentes facultés de Lettres.

Outre-Sarine, ce projet a soulevé l’enthousiasme alors qu’en Suisse romande des voix se sont élevées pour dire que l’écriture créative ne peut s’apprendre dans un cursus scolaire. Qu’on ne saurait devenir romancier comme on apprend à peindre ou à composer une partition musicale.

Malgré ces réticences, le projet s’est concrétisé. Après une année de phase expérimentale, le nouvel Institut littéraire suisse a reçu sa première volée d’étudiants en octobre 2006, au sein de la Haute école des arts de Berne.

Le choix de Bienne signifiait clairement le caractère bilingue de l’Institut ouvert tant à des francophones qu’à des germanophones.

A la clé, un Bachelor au bout d’un cursus de trois ans, avec la possibilité de le compléter par un Master.

Un enseignement personnalisé

Marie Caffari, directrice de l’Institut, l’affirme haut et fort : l’enseignement qui y est dispensé va à l’encontre de toute idée de formatage. L’étudiant, sa personnalité et son projet sont au cœur du processus pédagogique.

D’abord, les étudiants y sont admis sur dossier, porteurs d’un projet personnel, désireux de confronter leurs doutes et leurs expériences. Ils sont entourés d’enseignants, eux-mêmes écrivains, chargés de les accompagner dans le cadre de séminaires et d’ateliers où la réflexion se mène collectivement.

Ensuite, l’enseignement dispensé à l’ISL repose sur un accompagnement personnalisé établi sur le principe du mentorat. Chaque étudiant choisit un écrivain référent avec lequel il souhaite établir un compagnonnage éditorial et mener à terme son projet d’écriture.

A l’origine du projet, il y avait le besoin de quelques auteurs d’intensifier le dialogue autour de la création littéraire, de développer un espace pour des textes encore inaboutis, à la recherche d’eux-mêmes.

Marie Caffari, directrice de l'Institut Littéraire Suisse

Ainsi, Elisa Shua Dusapin a travaillé étroitement avec l’auteure Noëlle Revaz pour élaborer un projet littéraire qui allait devenir son premier roman. Hiver à Sokcho, paru en septembre aux éditions Zoé, a valu à sa jeune auteure le Prix Robert Walser et une reconnaissance critique  unanime.

>> A voir l'interview d'Elisa Shua Dusapin dans "La puce à l'oreille" :

Rencontre avec Elisa Shua Dusapin
Rencontre avec Elisa Shua Dusapin / La Puce à l'Oreille / 6 min. / le 10 novembre 2016

Antoinette Rychner, l’une des premières diplômées de l’Institut, a travaillé avec le dramaturge et scénariste Antoine Jaccoud. Ce compagnonnage a débouché sur la publication de Petite collection d’instants-fossiles, recueil de proses brèves paru aux éditions de L’Hèbe. Depuis, Antoinette Rychner a conforté son talent avec la publication chez Buchet-Chastel de son premier roman : Le Prix. Un récit ébouriffant qui lui a valu plusieurs distinctions littéraires.

Le Grison Arno Camenisch, le Valaisan Julien Maret et le Genevois Arthur Brugger font aussi partie de la trentaine de diplômés qui se sont imposés dans le paysage littéraire par leurs publications.

Un anniversaire hors les murs

Sous le label 10 ans 100 diplômés, l’Institut propose jusqu’à l’automne prochain une série d’événements marquant sa première décennie d’existence. Trait d’union des festivités, la volonté de sortir de ses murs pour mieux se faire connaître. Lectures publiques, publications et performances, tout cela prendra place des deux côtés de la Sarine. Afin de bien marquer le caractère bilingue d’une institution qui se joue des langues et des frontières.

Jean-Marie Félix / aq

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