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"Prendre son souffle", roman haletant, amoureux et tragique de Geneviève Jannelle

L'autrice québécoise Geneviève Jannelle. [©Jimmy Hamelin]
Entretien avec Geneviève Jannelle, autrice de "Prendre son souffle" / QWERTZ / 26 min. / le 21 mai 2024
Le roman "Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle est le récit d’un amour pur questionné par le destin. Que faire quand on aime pleinement et qu’on est confronté à la maladie incurable de son compagnon? Peut-on vraiment tout supporter par amour? Son livre s'avère au final un tourbillon d'émotions.

Eden rencontre Anaïs. Entre ces deux jeunes gens, l’amour est là, unique, absolu. Voici deux êtres choyés par le hasard, portés par Cupidon. Mais Anaïs voit bien qu’Eden est réticent à lui présenter sa famille. Et pour cause, dans celle-ci, les trois enfants sont atteints d’une maladie génétique dégénérative, l’ataxie de Friedreich. Le frère aîné en est déjà mort, la sœur est atteinte dans sa chair, ne reste qu’Eden pour qui tout cela n’est qu’une question de temps.

L’irréversible face à la puissance de l’amour

Le roman court sur une dizaine d’années. Anaïs et Eden font fi du mauvais sort et vivent pleinement, rient en croyant faire la nique à la mort. Mais l’ataxie de Friedreich est une maladie cruelle. Au début tout est beau, puis ça dérape tranquillement. La Québécoise Geneviève Jannelle glisse au cœur du roman cette interrogation: faut-il partir avant la fin? Faut-il laisser l’autre mourir seul?

Si je pars trop vite, je quitte l’amour formidable que je suis en train de construire. Il y a cette notion de timing. C’est quand le bon moment pour sauver sa peau dans tout ça?

Extrait de l'entretien avec Geneviève Jannelle

L’idée des personnages germe au contact d’un couple d’amis plus âgés confronté à cette pathologie. "J’ai été fascinée par cette maladie qui enferme peu à peu la personne dans son corps, mais aussi par l’amour du mari qui sacrifiait sa vie pour sa femme", explique Geneviève Jannelle.

L’autrice voit dans ce couple les dessous d’un tel amour et la cruauté du hasard génétique. Elle lit la culpabilité, la colère, la honte, l’isolement, la tristesse, la peur, le doute, mais également la joie, la tendresse, la confiance, le beau et l’extraordinaire. En travaillant sur des personnages plus jeunes, qui lui ressemblent, elle rend encore plus concret et cruel ce lent travail de sape d’une dégénérescence.

Anaïs vit dans le déni de la maladie le plus longtemps possible en cherchant à tirer le plus de beauté possible de la relation. Et ça, c’était très important pour moi, que la lumière de cet amour contrebalance la maladie.

Extrait de l'entretien avec Geneviève Jannelle

Eden, promesse d’un paradis trouvé et brutalité d'un enfer révélé

Roman à la première personne, bref, concis, incisif, écrit comme une respiration, "Prendre son souffle" explore les notions de résilience. Devant l’effacement progressif d’un être, nous voilà toutes et tous mis à nu. Geneviève Jannelle nous rappelle, à travers cette histoire, que le bonheur est éphémère et la vie tout autant. "Prendre son souffle" se lit d’une traite, sans qu’on puisse le lâcher et nous laisse pantelants, longtemps après avoir refermé le livre.

Catherine Fattebert/ms

Geneviève Jannelle, "Prendre son souffle", Editions Québec Amérique, mars 2024.

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