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Guillaume Gagnière sur les traces de son mentor Nicolas Bouvier

L'écrivain Guillaume Gagnière. [Nadia Sandino]
Et si on se faisait la malle ?... Loin ! / Vertigo / 5 min. / le 28 avril 2020
L'écrivain genevois signe "Les toupies d'Indigo Street", un premier texte paru pendant le confinement. On y suit l'auteur pendant une année de pérégrinations solitaires, de l'Indonésie au Japon en passant par le Sri Lanka où l'on croise l'ombre de Nicolas Bouvier.

Aujourd'hui, il a 30 ans, un solide bagage littéraire obtenu à la faculté des Lettres de Genève, et ce premier texte édité. Guillaume Gagnière a décidément de la suite dans les idées et une bonne boussole aussi: l'écrivain voyageur Nicolas Bouvier.

"Avant tout il y avait un projet d'écriture. Je sortais de mes études universitaires et j'avais fait un mémoire sur Nicolas Bouvier, donc forcément ça donne des fourmis dans les pattes et dans le stylo." explique Guillaume Gagnière à la RTS.

Un billet aller simple pour les îles Salomon

Bien assez pour lancer le jeune homme sur les routes. Le projet était simple: un billet aller simple pour les îles Salomon. L'idée de se laisser porter tout aux plus deux ans? Aller, marcher, se laisser vivre, prendre le temps de laisser résonner le paysage avec son âme, et surtout au retour, parvenir à mettre des mots sur cette parenthèse.

J’étais parti de Suisse un peu comme on arrache un pansement: vite et sans trop réfléchir. Une année à voyager en Asie et me voilà débarqué su Sri Lanka à suivre les traces de Nicolas Bouvier. (...) En contemplant les façades d’Indigo Street, je constate qu’il n’en reste plus grand-chose, la rue du récit, "sa" rue, a sombré. Des façades désormais peintes en blanc bordent inutilement les remparts, des pages résolument muettes.

Guillaume Gagnière, "Les toupies d’Indigo Street"

>> A écouter: Entretien avec Guillaume Gagnière autour de son livre

La couverture du livre "Les toupies d'indigo street" de Guillaume Gagnière. [éditions d'autre part]éditions d'autre part
Entretien avec Guillaume Gagnière, auteur de "Les Toupies d'Indigo Street" / QWERTZ / 5 min. / le 12 mai 2020

Comme un carnet de voyage

Indigo Street est justement une rue qui bordait la pension où Nicolas Bouvier a séjourné à Galle, petite ville srilankaise. Cette pension brinquebalante, Guillaume Gagnière l'a retrouvée. Il n'a pourtant pas pu, comme espéré, franchir la porte de la chambre de Nicolas, définitivement condamnée au sommet d'un escalier délabré. Raté, mais le jeune écrivain le démontre efficacement dans son texte, il y a mille autres manières de dialoguer et de rendre un hommage sensible au mentor qu'il s'est choisi. Notamment, guetter patiemment "contempler longuement, à la recherche d'un signe".

Le texte se déroule comme un carnet de voyage constitué de fragments, d'éclats de souvenirs. Il prend des allures de quête intérieure. L'auteur s'y révèle constamment à l'écoute de l'esprit et de son corps aussi.

Quelques efforts, et puis le silence, les sensations qu'éprouvent mon corps envahissent tout.

Guillaume Gagnière, "Les toupies d'Indigo Street"

Dévoiler l'intime avec pudeur

L'art de réveiller les sensations, de dévoiler l'intime avec une pudeur infinie. Les odeurs, la moiteur et, primordiales, les saveurs qui caractérisent un pays. Tout y est. Guillaume Gagnière les a mis en mots avec soin et exigence. Au milieu, une petite phrase à surligner, tellement bien adaptée à la période d'immobilité forcée que nous vivons: "On voyage, on fait provision de souvenirs, et lorsqu'on sera trop âgés pour partir, il suffira de sortir le passé comme une vieille couverture confortable."

Et comme Guillaume Gagnière est partageur, tout un chacun peut à sa guise se saisir de cette couverture confortable.

Marlène Métrailler/aq

Guillaume Gagnière, "Les toupies d’Indigo Street", éditions d’autre part

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