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Fumetto, le grand festival suisse de petites bandes dessinées

Derniers préparatifs avant l'ouverture du Festival Fumetto à Lucerne le 5 avril 2019. [Keystone - Alexandra Wey]
BD: Festival Fumetto / Vertigo / 6 min. / le 9 avril 2019
Le festival de bande dessinée Fumetto a ouvert ses portes le week-end dernier à Lucerne et a déjà accueilli plus de 6’000 visiteurs, un record. Le festival célèbre la BD indépendante et ses liens avec l’art contemporain.

Les dix expositions officielles de Fumetto sont disséminées aux quatre coins de la ville. On les visite en passant par les soixante expositions satellites à découvrir chez des commerçants, dans des cafés ou dans la vitrine des kiosques où les artistes exposent leurs oeuvres. Et on se retrouve, plan de la ville en main, à traverser Lucerne, ville magnifique, et à débusquer des lieux improbables.

Ici, une guest house dont un collectif a transformé la devanture en vitrail psychédélique au moyen d’autocollants colorés. Là, un vieux bistrot du coin qui expose les planches d’une auteure engagée contre l’hypocrisie masculine. On s’arrête pour boire un café sous la gravure humoristique d’un bouddha qui consulte son smartphone en tailleur. Bref, la visite permet une double découverte, citadine et artistique.

A quelques heures de l'ouverture du Festival Fumetto 2019, le 5 avril 2019. [Keystone - Alexandra Wey]
A quelques heures de l'ouverture du Festival Fumetto 2019, le 5 avril 2019. [Keystone - Alexandra Wey]

Dix expositions variées

Le Musée historique de la ville de Lucerne propose l'exposition d’un auteur local, Melk Thalmann, sur un meurtre célèbre de la région à la fin du 19e siècle. Dans le même quartier de l’ouest de la ville, on découvre une exposition sur la bande dessinée indienne, engagée et surprenante.

L’exposition "Rébus" place quant à elle la bande dessinée dans une galerie d’art. Les planches sont dessinées sur de la céramique, sur des draps ou des post-it. Un véritable bijou à ne pas manquer.

Tout à l’ouest se trouve une exposition particulièrement fascinante sur le travail de Herbert Crowley au début du 20e siècle. Ce précurseur de la bande dessinée produisait des strips assez fantastiques, peuplés de créatures folles à deux pattes. Un voyage dans le temps tout à fait rafraîchissant avec des originaux sur papier jauni par le temps, assez rares.

On revient au centre. Le Kunstmuseum présente une exposition du Japonais Keiichi Tanaami, 92 ans, qui produit du pop art depuis plus de 60 ans. Une exposition d’art contemporain, avec des collages fous, bariolés et ludiques, où la bande dessinée est un sujet dans l’œuvre.

L'artiste japonais Keiichi Tanaami au Kunstmuseum de Lucerne le 5 avril 2019 dans le cadre du festival Fumetto. [Keystone - Alexandra Wey]
L'artiste japonais Keiichi Tanaami au Kunstmuseum de Lucerne le 5 avril 2019 dans le cadre du festival Fumetto. [Keystone - Alexandra Wey]

En traversant la Reuss, on se retrouve sur les quais chics du Lac des Quatre-Cantons, où trône le Schweizerhof, un hôtel 5 étoiles. Le lobby accueille la résidence d'Emil Ferris. C’est l’auteure de "Moi, ce que j’aime, c’est les monstres", la BD phénomène qui a remporté le Fauve d’or à Angoulême.

>> A lire : "Moi ce que j'aime, c'est les monstres", la BD qui rafle tout sur son passage

Emil Ferris dessine sur une table préparée spécialement pour elle par le festival. Elle discute avec les festivaliers, les curieux. Elle est accessible et disponible dans cet écrin qui ne pourrait exister dans aucun autre pays du monde.

Une planche de "Moi ce que j'aime, c'est les monstres" de Emil Ferris. [Ed. Monsieur Toussaint Louverture]
Une planche de "Moi ce que j'aime, c'est les monstres" de Emil Ferris. [Ed. Monsieur Toussaint Louverture]

Un festival éclaté et éclatant

Plus loin encore, au Bourbaki Panorama, on retrouve le travail de Joann Sfar dans une exposition en collaboration avec le Cartoonmuseum de Bâle qui dévoile des originaux dessinés avec son fameux trait vibrant à la limite du Parkinson. Juste derrière, un atelier accueille un lieu de réflexion sur le futur des comics, où on nous présente des expérimentations sur le medium.

>> A lire : Le très prolifique et hyperactif Joann Sfar exposé à Bâle et Lucerne

En revenant vers le centre, on peut découvrir l’exposition de Simon Beuret, un jeune Jurassien mis en avant par le festival. Son travail est exposé dans un showroom de bijoutier. Simon Beuret n’a encore rien publié mais le festival a sorti une édition limitée des quarante-quatre premières pages de son album en devenir, "Eye contact".

Pour finir, on retrouve les planches du concours ouvert à tous sur le thème du vélo, avec des sonnettes de vélo montées sur une barre pour amuser grands et petits. En résumé, un festival varié, passionnant, qui nous invite à user nos semelles sur les trottoirs de la ville.

Didier Charlet/mh

Fumetto est ouvert jusqu’au dimanche 14 avril. Activités prévues ce week end, conférences et ateliers toute la semaine.

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