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Le très prolifique et hyperactif Joann Sfar exposé à Bâle et Lucerne

Dessinateur, écrivain, réalisateur, le français Joann Sfar, auréolé de succès, porte un regard incisif et tendre sur le monde.
Dessinateur, écrivain, réalisateur, le français Joann Sfar, auréolé de succès, porte un regard incisif et tendre sur le monde / 19h30 / 1 min. / le 7 avril 2019
Mutitalents: un mot qui convient bien à ce Français né à Nice. Illustrateur, écrivain, dessinateur, prof de Beaux-Arts, philosophe, et détenteurs de plusieurs Césars du cinéma. Joann Sfar, 47 ans, porte un regard incisif sur notre société.

Jusqu'en août, le Cartoonmuseum de Bâle consacre une grande exposition rien qu'à Joann Sfar. L'auteur est aussi à l'affiche cette semaine du festival Fumetto à Lucerne: "Je viens très souvent en Suisse pour mes films, mais j'expose rarement, et là pour exposer il fallait que je sorte de France, donc je suis très content d'exposer ici", affirme-t-il sur le plateau de la RTS.

Celui qui avoue n'avoir jamais vu quelque chose "de plus excitant et de plus puissant que de raconter des histoires avec des dessins", dit trouver notre pays "formidable", car "quand il y a quelque chose de radical, c'est plus radical qu'ailleurs. Par exemple un punk suisse sera plus punk qu'ailleurs".

>> Regarder l'interview de Joann Sfar par David Berger :

"Le pire danger c'est l'autocensure, moi je parle de religion tout le temps, donc je marche sur des oeufs" analyse Joann Sfar
"Le pire danger c'est l'autocensure, moi je parle de religion tout le temps, donc je marche sur des oeufs" analyse Joann Sfar / 19h30 / 4 min. / le 7 avril 2019

Certains disent de lui qu'il est l'auteur le plus prolifique de France. Il est vrai qu'il aime mettre son nez partout: spiritualité, philosophie, amour, sexualité, politique…

Joann Sfar suit l'actualité, notamment ce qui se passe en ce moment en France: "Les aspirations des gilets jaunes étaient légitimes, mais elles ne sont pas devenues politiques, elles sont restées dans la colère et ça ce n'est pas bon", souligne-t-il avant de faire une comparaison avec la mobilisation contre le gouvernement de Bouteflika, en Algérie: "Le peuple algérien est dans une bonne démonstration de dignité… un processus démocratique c'est long".

"Le pire danger, c'est l'autocensure"

"Je l'appelle Monsieur Bonnard" [Editions Hazan 2015 - Joann Sfar]

Il n'aime pas les idées toute faites, le prêt-à-penser: "J'essaie de complexifier le débat. A chaque fois que quelqu'un est sûr d'être dans le bon camp, j'ai envie de lui mettre le doute. Les certitudes me hérissent".

En vingt ans, l'artiste a travaillé à plus de 160 publications, dont une centaine de bandes dessinées aux styles divers et variés, mais aussi de la peinture, du dessin de presse, des romans, et des films dont il a signé la réalisation. Son hommage au grand Serge, "Gainsbourg (vie héroïque)", par exemple, a remporté trois Césars.

L'homme de 47 ans ne se pose pas de limites: "Le pire danger, c'est l'autocensure: si j'écris ça je vais avoir des problèmes, si je dessine ça je vais avoir des problèmes... Aujourd'hui tout le monde s'offense. Moi, comme je parle de religion tout le temps, je marche sur des œufs", ajoute-t-il le sourire en coin.

Remplir un vide

Sa production effrénée, il l'explique par le besoin de remplir un vide. Car la solitude le poursuit depuis la disparition de sa maman, quand il n'avait pas encore quatre ans. Un vide qui l'aura façonné: de son propre aveu, il ne fait jamais rien d'autre qu'écrire ou dessiner.

Cecilia Mendoza / Stéphanie Jaquet / Martina Chyba

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