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La série consacrée aux attentats du 13 novembre suscite la controverse

L'affiche du documentaire "13 novembre: Fluctuat Nec Mergitur" de Jules et Gédéon Naudet. [Netflix]
Média: le beau dans l'horreur du 13 novembre 2015 / Vertigo / 6 min. / le 6 juin 2018
Une réalisation à l'intensité folle et vraie ou une visée sensationnaliste qui oublie les proches des victimes, le documentaire "13 novembre - Fluctuat nec mergitur", disponible sur Netflix depuis le 1er juin, fait débat en France.

Réalisée par les frères Jules et Gédéon Naudet, aussi connus pour avoir filmé de l'intérieur les attentats du 11 septembre 2001, cette mini-série de trois épisodes est sortie depuis quelques jours, mais elle est déjà largement commentée dans les médias et sur les réseaux sociaux.

"Indispensable", "voyeuriste", "pesante" ou "humaine", on lit de tout dans les commentaires sur cette série relatant les attentats djihadistes du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 morts lors de la prise d'otages au Bataclan, des massacres sur les terrasses de café parisiennes et dans les explosions au Stade de France.

40 témoignages

Cette mini-série retrace la nuit sanglante via 40 témoignages, de 25 survivants des attaques et de 15 intervenants (policiers, pompiers, politiciens). Aucune voix off ne mène le récit, laissant la place à l'image et aux témoignages. Les personnalités et les parcours des terroristes sont occultés pour laisser la place aux points de vue des victimes.

Les premières minutes désarçonnent: certains témoins ont le sourire aux lèvres. L'un raconte son appétit pour une merguez devant le Stade de France, deux autres se souviennent de leur joie d'avoir enfin une première soirée en amoureux depuis la naissance de leur bébé. Mais très vite, on entend les premiers enregistrements de la centrale d'appel des pompiers de Paris et le film devient glaçant, horrible.

Les familles des victimes mécontentes

Reste que plusieurs voix critiquent sévèrement cette adaptation télévisuelle de l'horreur des attentats. Sur RTL, l'association des proches des victimes "13Onze15" déplore une "vision partielle de l'événement" et reproche aux réalisateurs d'avoir écarté de la série les familles des personnes tuées ce soir-là. "C'est injuste, on ne parle pas des morts", témoigne l'une des membres de cette association qui a perdu son fils au Bataclan.

D'autres disent que c'est trop tôt pour revenir sur les attentats dans un film, qu'il se dégage une forme de sensationnalisme ou une exploitation commerciale mal venue de ce drame. "Ils font de l'argent sur le dos de nos morts, ça serait différent si la totalité des fonds était reversée aux associations, aux blessés et aux orphelins", propose aussi la soeur d'une victime.

Un rescapé du Bataclan qui témoigne dans le documentaire juge au contraire que ce film est réussi. Aussi interrogé par RTL, il dit avoir l'impression que la "parole a été portée" et que pour une fois, "l'histoire est racontée de notre point de vue, pas du leur", à savoir du point de vue des terroristes. D'autres soulignent également que le côté trash a été évité et que l'horreur de la réalité est correctement dépeinte.

>> La chronique de Renaud Malik dans La Matinale consacrée aux frères Naudet :

On nous dit rien! (vidéo) - Les frères Naudet, du 11 septembre au 13 novembre
On nous dit rien! (vidéo) - Les frères Naudet, du 11 septembre au 13 novembre / La Matinale / 3 min. / le 5 juin 2018

Frédéric Boillat

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