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"Captives" revisite les affres de l'internement des femmes au XIXᵉ siècle

Une image du film "Captives" de Arnaud des Pallières, avec Mélanie Thierry et Marina Foïs. [DR]
Une image du film "Captives" de Arnaud des Pallières, avec Mélanie Thierry et Marina Foïs. - [DR]
Le réalisateur Arnaud des Pallières signe "Captives", un film entre drame réaliste et conte cruel qui revisite les affres de l’internement des femmes au XIXᵉ siècle. Sorti le 7 février, ce long métrage a comme atout un casting féminin de haut vol, dont Mélanie Thierry, Marina Foïs et Carole Bouquet.

Paris, 1894. A son arrivée à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, Fanni (Mélanie Thierry) se voit dépossédée de ses habits, puis soumise à un interrogatoire intrusif par une sorte de gouvernante dont la coiffe accentue la sévérité des traits (Marina Foïs) et que tout le monde surnomme la Douane. Mais qui est Fanni, qui prétend sʹêtre laissée enfermer volontairement dans l'espoir de retrouver sa mère (Yolande Moreau) parmi la multitude des femmes convaincues de "folie"?

Fanni découvre une réalité de l'asile tout autre que ce qu'elle imaginait, ainsi que l'amitié inattendue de compagnes d'infortune.

Un film d'époque magnifiquement incarné

Trois ans après "Le bal des folles" réalisé par Mélanie Laurent et adapté du roman éponyme de Victoria Mas, nous voici replongés dans le calvaire des femmes enfermées au XIXe siècle dans les services psychiatriques de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière. Et ceci au lendemain par ailleurs de la mort du professeur Charcot (1825-1893), connu pour ses travaux sur l’"hystérie féminine" et ses séances d’hypnose censées en déceler les symptômes.

Film d'époque exclusivement féminin et magnifiquement incarné, plein de chair, "Captives" colle sa caméra au plus près de ses protagonistes en les révélant sans maquillage. "Je ne sais pas si c'était prémédité et dans mes intentions visuelles au départ. Je pense que je me suis laissé happer par la puissance de présence de ces actrices, explique Arnaud des Pallières dans l'émission Vertigo du 6 février. J'essaie de me libérer de cette injonction disant que quand on fait un film d'époque, on se doit de filmer ce qui fait époque. Ce qui m'intéresse au contraire est ce qui nous renvoie au présent. L'idée était de faire ressentir l'histoire au spectateur plutôt que la lui raconter solennellement comme dans les films d'époque."

>> A écouter, l'interview du réalisateur Arnaud des Pallières à propos de son film "Captives :

Le réalisateur Arnaud des Pallières.
L'invité:Arnaud des Pallières, "Captives" / Vertigo / 20 min. / le 7 février 2024

Galerie de portraits de femmes

L'histoire de "Captives" se raconte ainsi à travers le personnage principal de Fanni, son regard, son corps, son questionnement, son expérience à la hauteur de son visage. "On ne comprend par contre souvent pas tout, il y a des zones d'ombre qui subsistent, mais on est presque prisonnier du corps de ce personnage principal durant le film", indique le cinéaste français.

Autour de Fanni, il y a une galerie de portraits de femmes, entre lesquelles s'installe une sorte de sororité. Ainsi du personnage d’Hersilie Rouy (Carole Bouquet), pianiste qui a subi un enfermement abusif durant quinze ans et qui, à sa sortie, s’est battue pour la refonte de la loi des aliénés.

Malgré quelques approximations historiques, "Captives" est construit comme un thriller qui aimante d'autant plus grâce à son casting féminin de haut vol.

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web: Olivier Horner

"Captives" de Arnaud des Pallières, avec Mélanie Thierry, Josiane Balasko, Marina Foïs, Yolande Moreau, Carole Bouquet. A voir dans les salles romandes depuis le 7 février 2024.

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