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Bernard Crettaz, célèbre "Monsieur Mort", à l'honneur d'un documentaire posthume

Le sociologue valaisan Bernard Crettaz. [RTS/CAPTURE D'ECRAN]
Le sociologue valaisan Bernard Crettaz. - [RTS/CAPTURE D'ECRAN]
Le réalisateur Nasser Bakhti a suivi le sociologue valaisan durant les quatre dernières années de sa vie. Son documentaire "Crettaz, et comme l'espérance est violente" dévoile par petites touches des aspects plus fragiles et méconnus du thanatologue.

Fils de paysan, tribun charismatique et fin observateur de la société, Bernard Crettaz est devenu, au fil des ans, un expert des rites et des coutumes de fin de vie. L'approche décomplexée du sociologue et ethnologue avait brisé le tabou autour de la mort, notamment durant ses années comme conservateur au Musée d'ethnographie de Genève.

"Aujourd'hui au berceau, demain au tombeau"

Au-delà du savant à la parole aisée décédé il y a une année, il y a un homme pétri de doutes et de déchirements, que révèle le film. Le réalisateur Nasser Bakhti y suit le sociologue, sur plusieurs années, au moment où Bernard Crettaz doit cette fois préparer sa propre disparition.

>> A voir: sujet du 19h30 consacré au film documentaire sur Bernard Crettaz :

Un film documentaire revient sur le parcours de Bernard Crettaz, sociologue et ethnologue expert des rites et coutumes de la fin de vie
Un film documentaire revient sur le parcours de Bernard Crettaz, sociologue et ethnologue expert des rites et coutumes de la fin de vie / 19h30 / 2 min. / le 1 novembre 2023

"Le fait que le tournage ait duré plusieurs années a permis à Bernard Crettaz de s’ouvrir et de se confier au fur et à mesure. Grâce à cela, on a pu esquisser quelques traits de Bernard que les gens ne connaissaient pas. J'ai vu aussi qu'il portait des choses en lui très douloureuses", confie le réalisateur Nasser Bakhti à la RTS.

Un parcours du combattant

Le chemin a été long et ardu pour Bernard Crettaz. Né dans une famille paysanne du val d'Anniviers (VS), ses parents le destinent à la prêtrise. Premier déchirement lorsqu'il quitte le séminaire. Et deuxième lorsqu'il choisit de s'émanciper en partant pour la ville pour étudier. Il jouera également un rôle actif dans les révoltes de mai 1968.

A l'automne de sa vie, Bernard Crettaz évoque sa foi, ses doutes, mais aussi la montagne et la Suisse, un pays qu'il aime mais qu'il ne comprend pas toujours. Sans oublier les premiers "cafés mortels" qu'il a créés et où l'on se réunit pour parler des angoisses, des souffrances, de la colère aussi face à la Grande Faucheuse.

Au fur et à mesure du tournage, des aspects oubliés remontent, Bernard Crettaz est remué, dévoile Nasser Bakhti: "Je pense qu'il a découvert des choses sans les dire face caméra qui l'ont aidé peut-être, je l'espère, à faire son bilan, comme il le dit, de manière sereine."

Dans tous les cas, le spécialiste de la mort a réussi sa sortie. Il est parti comme il l'avait souhaité, dans un décès rapide et sans souffrances à 84 ans. L'âge qu'il avait prédit à plusieurs reprises dans le film.

Sujet TV: Mathieu Lombard

Adaptation web: Sarah Clément

"Crettaz, et comme l'espérance est violente", un documentaire de Nasser Bakhti. Des projections ont lieu jusqu'au 14 novembre dans différentes salles de Suisse romande.

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