"Les feuilles mortes", romance contrariée à Helsinki signée Aki Kaurismäki

A Helsinki, un ouvrier alcoolique rencontre une jeune caissière de supermarché. Ils passent une soirée ensemble, puis se perdent, se retrouvent, avant que la femme ne rejette l’homme à cause de sa dépendance à l'alcool.

Boire ou aimer, il faut choisir, nous dit en substance le nouveau film d’Aki Kaurismäki, exubérant cinéaste finlandais connu notamment pour "Le Havre" et "Au loin s’en vont les nuages". Le style épuré, minimaliste, du réalisateur reste ici intact dans ce mélodrame qui cite, pêle-mêle, Godard, Robert Bresson, Chaplin, Jim Jarmusch et bien d’autres. Malgré les affiches du "Mépris" et de "Rocco et ses frères", on est bel et bien en 2023 au coeur d'une mélancolie toute nordique et d'un Helsinki où règnent le désordre et la solitude.

Film de peu de mots et beaucoup de regards

"Les feuilles mortes" est une romance contrariée que Kaurismäki contextualise par de nombreux rappels à la guerre en Ukraine, dont les nouvelles sont diffusées à la radio. Les personnages du film évoluent dans le brouillard d'un Helsinki blafard et comme figé dans les années 1960. Où l'espoir parvient tout de même à se faufiler.

Reste que ce film de peu de mots et beaucoup de regards, pas désagréable à voir, paraît plutôt mineur et sans grande substance thématique en regard d’autres œuvres du cinéaste. Un peu anecdotique.

Cette histoire d'amour caustique et tendre, qui sent l'alcool, le tabac et la mélancolie a tout de même reçu le Prix du jury au dernier Festival de Cannes, sensible sans doute au retour d'Aki Kaurismäki qui en 2017 avait juré de ne plus toucher une caméra.

rw/olhor

"Les feuilles mortes" d’Aki Kaurismäki, avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen, Janne Hyytiäinen. A voir actuellement dans les salles romandes.