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"Olga", le combat d'une jeune gymnaste ukrainienne exilée en Suisse

"Olga", premier long métrage d'Elie Grappe. [Copyright ARP Sélection]
Elie Grappe , "Olga" / Vertigo / 55 min. / le 11 novembre 2021
Premier long-métrage du réalisateur suisse Elie Grappe, "Olga" sort ce mercredi dans les salles romandes. Primé à Cannes, le film suit le parcours d'une jeune gymnaste ukrainienne exilée en Suisse.

L'histoire se déroule en 2013. Olga, une gymnaste ukrainienne de quinze ans, s’exile en Suisse pour suivre ses entraînements après avoir été brutalement agressée avec sa mère, une activiste politique. Mais, alors qu’elle se prépare pour les championnats d'Europe, la révolte d’Euromaïdan, où les manifestants pro-européens se retrouvent écrasés par les autorités à Kiev, éclate.

Elie Grappe réalise cet impressionnant premier long-métrage de fiction. Collant au plus près du corps et du visage de son héroïne, le cinéaste confronte le sport et la politique, le sens collectif et individuel, la violence de la compétition et la sauvagerie de la répression sociale dans un portrait d’adolescente d’une justesse inouïe.

L'obsession personnelle face à la grande histoire

Auteur du court-métrage "Suspendu" qui se focalisait sur un jeune danseur d'un grand conservatoire et ayant cosigné un documentaire sur une musicienne ukrainienne plongée dans la même situation que sa protagoniste, Elie Grappe se plaît à capturer l'exigence que s'impose certaines personnes dans leur discipline, où la passion confine à l'obsession.

"Je pense que je comprends ce côté obsessionnel, même si cette obsession est un peu en dehors du monde. Pour 'Olga', j'avais envie de confronter ça avec un événement beaucoup plus large, qui a une dimension géopolitique, et qui va dépasser complètement mon personnage", indique le réalisateur à la RTS.

Ces deux mondes ne sont pourtant pas totalement séparés pour le réalisateur: "Quand j'allais voir des entraînements, j'avais parfois juste envie de fermer les yeux et d'écouter. J'ai mis longtemps avant de me rendre compte que les sons de la gymnastique ressemblent étrangement à ceux d'Euromaïdan. Le claquement des barres, les détonations." Ce son de la révolution "lui reste dans l'oreille" quand Olga revient à la gym. Elle est ainsi déchirée entre passion personnelle et destin collectif. Entre sa lutte intime pour sa réussite personnelle de gymnaste exceptionnelle et le combat de son pays pour la liberté.

Un premier long-métrage au chemin pavé d'or

Seul film suisse sélectionné au Festival de Cannes 2021, où il a remporté le Prix SACD du meilleur scénario de la Semaine de la Critique, "Olga" représente la Suisse dans la course aux Oscars qui s'achèvera le 27 mars 2022. Entre ces deux rendez-vous majeurs du 7e art, le film a raflé de nombreuses récompenses à Bruxelles, Hambourg, Rome ou Angers.

De quoi satisfaire Elie Grappe qui confie: "Je suis hyper content, hyper fier de ce qui arrive au film. Je suis fier pour le film, mais aussi pour toutes les personnes qui m'ont accompagné, parfois durant plusieurs années".

Propos recueillis par Anne-Laure Gannac

Adaptation web: Sébastien Blanc

"Olga", d'Elie Grappe, en salle dès le 17 novembre 2021.

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