Publié

Le Musée d'art de Pully dépoussière l'Art nouveau

L'exposition "La Belle époque de l’Art nouveau" au Musée d'art de Pully. [Musée d'art de Pully - Mathieu Bernard Reymond]
A nouveau lʹart nouveau ? / Vertigo / 6 min. / le 14 février 2022
L'exposition "La Belle époque de l’Art nouveau" s'appuie sur une prestigieuse collection privée suisse pour raconter l'histoire de ce courant artistique né à la fin du 19e siècle. Elle est à voir au Musée d'art de Pully (VD) jusqu'au 19 juin prochain.

Tout en retraçant le parcours de l'Art nouveau de ses origines à la fin du 19e siècle jusqu’à l’usage contemporain de son esthétique, l'exposition "La Belle époque de l'Art nouveau" présentée à Pully, cherche à rompre avec les représentations qui s'attachent à ce courant artistique jugé parfois kitsch, mièvre ou de mauvais goût.

Car à l’origine, ce mouvement a quelque chose de révolutionnaire, c’est un art à la fois social et politique. "C’est une nouvelle manière de représenter le monde avec l’approche quasi philosophique de vouloir transformer le monde par la beauté", explique Delphine Rivier, la directrice du musée, à la RTS.

Démocratiser l’art et ses supports

La démocratisation de l’art est l'une des idées fortes de ce mouvement. Dans les sujets comme dans les supports. Ainsi, les artistes commencent à privilégier les affiches, le papier, les programmes imprimés et les livres. "Pour des raisons économiques, mais également à des fins de diffusion, poursuit Delphine Rivier. Toutes les affiches qui vont se trouver dans la rue vont inspirer les artistes".

En investissant ces supports, l’Art nouveau brise la frontière entre arts majeurs et arts mineurs, élevant même l’affiche au rang des beaux-arts. A Pully, toute une partie de l’exposition est consacrée aux affiches, notamment celles du grand affichiste Alphonse Mucha.

Peu à peu, affiches et réclames commencent à intéresser des marques de biscuit, de champagne ou de tabac. "A ce moment-là, poursuit Delphine Rivier, il y a un glissement d’un art d’artiste vers de la reproduction, de la publicité et un côté marketing. Il y a un délitement du côté révolutionnaire de cet art social. L’esthétique va prendre le dessus".

Affiche de l'exposition "La Belle Epoque de l'Art nouveau" au Musée d'art de Pully. [Musée d'art de Pully - Enzed]
Affiche de l'exposition "La Belle Epoque de l'Art nouveau" au Musée d'art de Pully. [Musée d'art de Pully - Enzed]

Du subversif au mainstream et vice-versa

L'Art nouveau tombe alors en désuétude à force d’être trop vu et disparaît jusqu’à refaire surface de façon quasi subversive dans les années soixante. "Il réapparaît par la petite porte de la contre-culture américaine, note Victoria Mühlig, curatrice de l’exposition. Par exemple, les Grateful Dead, groupe de rock psychédélique, vont reprendre les femmes de Mucha sur leurs visuels".

"Le mouvement LSD voit dans l’Art nouveau et son arabesque quelque chose de très lié à la vision sous LSD, notamment le côté fluide", analyse-t-elle encore. Ensuite, dans les années nonante, c’est à nouveau la culture de masse et la publicité qui s'emparent à nouveau des affiches de Mucha.

Aujourd’hui, on retrouve toujours des traces des typographies typiques de l’Art nouveau et selon Victoria Mühlig, ce sont plutôt les contre-cultures rave et techno qui les reprennent.

Propos recueillis par Florence Grivel

Adaptation web: ads

"La Belle époque de l’Art nouveau", Musée d'art de Pully jusqu'au 19 juin 2022.

Publié