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La portraitiste tchéco-suisse Marion Jiranek met de la poésie sous les toits

Marion Jiranek, portraitiste de maisons
Marion Jiranek, portraitiste de maisons / Couleurs locales / 2 min. / le 26 juin 2019
A l'ère de la photo smartphone pour tous, l'artiste en images locloise Marion Jiranek réalise sur commande des portraits architecturaux personnalisés. Les Suisses romands se montrent friands de cette façon différente de capter l'âme des bâtiments et des paysages.

Elle peint comme elle respire. Peintre, aquarelliste, dessinatrice, l'artiste tchéco-suisse Marion Jiranek maîtrise aussi un art très particulier: celui de portraitiste de maisons.

A l'ère de la photo smartphone pour tous, le portrait dessiné apporte aux maisons, comme aux visages, ce supplément d'âme et de poésie que confère le trait d'un artiste. Surtout, il offre lorsqu'il est réussi, un regard unique, plus vrai que nature.

Tricher avec la perspective pour mieux restituer le lieu

"Toutes les peintures architecturales que je fais sont 'trichées'", c'est-à-dire qu'elles font appel à ce qu'on appelle la perspective mobile, qui consiste à déplacer le regard pour avoir des éléments dans l'image: ainsi on va parfois écarteler certaines rues, ou d'autre fois les resserrer. Et malgré cela, les gens reconnaissent mieux un lieu que s'ils l'avaient photographié" explique Marion Jiranek à la RTS.

Pour réaliser ces portraits, l'artiste se déplace sur place avec son appareil photographique. Elle réalise le croquis préparatoire dans lequel elle va vraiment construire sa perspective ainsi que les détails. Par la suite elle intègre selon les désirs des commanditaires tous les éléments qu'ils souhaitent rajouter, corriger.

On ne voulait pas une photo. On voulait justement qu'il y ait de petits clins d'oeil, qu'on ressente le vécu de cette maison.

Dominique, une commanditaire d'un portrait de sa maison

Marion Jiranek vit depuis environ dix ans de son art. "Je suis tombée dedans quand j'étais petite puisque mon père est aussi artiste peintre et également spécialisé en architecture" raconte-t-elle. "Cela dit, il ne m'a jamais donné véritablement de leçons, je l'ai plutôt regardé faire, le peu de temps que j'ai passé avec lui, puisque mes parents étaient séparés. Je l'ai vu faire et cela m'a aidée à apprendre le métier."

Carte thématique de chat réalisée Marion Jiranek [Marion Jiranek]
Carte thématique de chat, chat février, réalisée Marion Jiranek [Marion Jiranek]

Ses portraits architecturaux suscitent un réel engouement en Suisse, "alors même que les Suisses n'aimant pas trop se faire portraiturer le visage. Ils adorent par contre qu'on représente leur village, leur maison, leur ville" a-t-elle constaté, en évoquant la modestie ou la tradition protestante, "qui veut qu'on ne représente pas trop la richesse, les personnes etc. mais qu'en revanche, le paysage et surtout l'architecture, suscite un intérêt particulier" explique l'artiste, qui réalise d'ailleurs aussi des portraits de visages.

Une passion pour l'Art nouveau

Car les sujets de Marion Jiranek ne se limitent pas aux bâtiments. Très inspirée par la Ligne claire (voir encadré) ou encore les enluminures, elle voue une passion à l'Art nouveau et son esthétisme végétal, qui se retrouve jusque sur ses dessins de chats.

Marion Jiranek vit au Locle, dans une maison-atelier-galerie nichée dans un écrin de verdure. Elle y travaille et y expose à certaines périodes de l'année ses oeuvres, de façon conviviale et personnalisée, sur plusieurs étages de la bâtisse. Car pour elle l'art et la vie sont une seule et même chose.

"Je n'arrête jamais de dessiner et je serais malheureuse si je devais le faire. C'est un peu comme ma nourriture, mon eau, mon air. Je sais que je mourrai les pinceaux dans les doigts" conclut-elle.

Sujet: Julien Guillaume et Mathieu Oppliger/Adaptation web: Manon Pulver

Marion Jiranek présentera du 8 septembre au 27 octobre à la galerie Abietum au Locle l'exposition consacrée à l'arboretum national du Vallon de l'Aubonne.

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Qu'est-ce que la ligne claire?

Le terme de "ligne claire" a été formulé en 1977 par l’auteur néerlandais Joost Swarte, dans le catalogue de l’exposition "Tintin" de Rotterdam nommée "De Klare lijn" (la Ligne claire en néerlandais)

Il définit ainsi le style d’Hergé, tant d’un point de vue graphique que narratif, selon Elric Dufau, auteur français de bande-dessinnée et professeur au Centre d'enseignement spécialisé des arts narratifs.

La ligne claire peut indifféremment être traitée en couleur ou en noir et blanc.

Les auteurs qui pratiquent la ligne claire en bande dessinée sont à la recherche de clarté graphique et de fluidité narrative.