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"Dans 'hashtag', il y a le verbe de l'ancien français 'hâcher'"

Le linguiste français Alain Rey. [AFP - Joël Saget]
Alain Rey dénonce le "californisme" qui menace la langue française / Le Journal du matin / 2 min. / le 21 octobre 2016
Le linguiste Alain Rey, qui publiait jeudi la nouvelle édition du Dictionnaire historique de la langue française, fustige avec humour l'invasion du français par le "californisme", ou jargon de la Silicon Valley.

Le lexicographe âgé de 88 ans regrette notamment "la proportion monstrueuse d'américanismes" et s'insurge contre le "californisme" - le recours à des mots du jargon de la Silicon Valley - un mouvement qui se vérifie dans la dernière édition du Dictionnaire, édité jeudi par Robert.

"Furieux de voir l'invasion du 'hashtag'"

"C'est là que sont imaginées toutes les nouveautés technologiques et ludiques, ce qui crée une force générale qui n'envahit pas seulement la langue française, mais toutes les autres langues que l'anglais", a expliqué Alain Rey sur les ondes de la RTS vendredi.

"J'ai été furieux de voir que le mot 'hashtag' remplaçait très rapidement l'expression mot-dièse. Mais j'ai été consolé quand je me suis aperçu que si le 'tag' est bien un mot anglo-saxon, le 'hash' en revanche vient du verbe de l'ancien français, que nous utilisons toujours, 'hâcher'."

Le "spoiler", ce "divulgâcheur" héritier du latin

Le mot "spoiler" désigne un texte, un film ou une personne qui raconte tout ou partie d'une intrigue, ce qui gâche le plaisir d'une personne ne l'ayant pas encore vu ou lu. Le linguiste lui règle son compte en quelques lignes.

"En technique, rappelle-t-il, le nom désigne la surface mobile diminuant la portance d'une aile d'un avion, le dispositif ralentisseur des pâles d'éolienne et un aileron sur une voiture automobile".

Pour le reste, "l'abondance des synonymes français disponibles souligne l'inutilité de cet anglicisme", tranche-t-il, en proposant "rabat-joie" ou le mot-valise "divulgâcheur". D'ailleurs, rappelle Alain Rey, l'anglais "to spoil" est un emprunt à l'ancien français "espoillier", du latin "spoliare".

Sylvie Lambelet/kkub avec ats

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Les Suisses "mettent à ban" leur voiture

Parmi les 10'000 nouveaux mots accueillis dans le dernier millésime du dictionnaire, la place est faite également aux expressions suisses d'usage courant, comme "mettre sa voiture à ban", précise Alain Rey.

"Quinzomadaire", ou quand le ridicule semble bien avoir tué

Une des particularités du Dictionnaire historique de la langue française est qu'Alain Rey n'hésite pas à donner son point de vue dans les définitions.

La définition du mot "quinzomadaire" est assez révélatrice. La définition qu'en donne le linguiste est sans appel: "mot-valise et monstre lexical formé sur quinze et hebdomadaire était censé se substituer à bimensuel. Pour une fois, il semble que le ridicule ait tué".