Né le 30 mars 1933 à Aumale, en Algérie, Jean-Claude Brialy a
été révélé en 1958 par sa performance dans le "Le beau Serge" de
Claude Chabrol. Eternel dandy, l'acteur a ensuite tourné avec les
plus grands réalisateurs, tels Renoir, Truffaut, Rohmer, Lelouch ou
Blier.
Ecrivain à ses heures (auteur notamment de "Le ruisseau des
singes" en 2000 et "J'ai oublié de vous dire" en 2004) et figure de
la vie mondaine parisienne, Brialy était aussi propriétaire d'un
théâtre de la capitale, "Les Bouffes parisiens", depuis 1986. Il
avait auparavant dirigé le théâtre Hébertot.
Jean-Claude Brialy avait été l'invité de la TSR en 1970. Interrogé
dans le cadre de l'émission "Libres propos" lors de sa tournée présentant "La puce à
l'oreille", pièce de Georges Feydeau, il évoquait sa relation au
théâtre et au cinéma (voir ci-contre).
Vocation précoce
Fils de colonel, Jean-Claude Brialy vit son enfance au rythme
des mutations paternelles. Après son baccalauréat, il s'inscrit
d'abord au Conservatoire de Strasbourg où il obtient un premier
prix de comédie, puis au Centre d'art dramatique de l'Est.
En service militaire à Baden-Baden, il est affecté au service
cinéma des armées, qui lui donne entre autres l'occasion de tourner
dans son premier court métrage, "Chiffonard et Bon Aloi". Il
sympathise aussi à cette époque avec plusieurs comédiens en tournée
théâtrale, dont Jean Marais, qui l'encouragent dans sa
vocation.
Arrivé à Paris en 1954, il fréquente vite "la bande des Cahiers du
Cinéma". C'est Jacques Rivette qui l'engage le premier dans son
court métrage "Le Coup du berger" en 1956. Il tourne la même année
"L'Ami de famille", qu'il considère comme son premier vrai rôle, et
multiplie les apparitions, notamment dans "Ascenseur pour
l'échafaud" en 1957 de Louis Malle.
Révélé par Chabrol
La célébrité arrive en 1958 avec les deux premiers films de
Claude Chabrol, "Le beau Serge" et "Les Cousins", qui révèlent un
acteur désinvolte et racé. Il emporte vite l'adhésion du public.
Dès lors, la Nouvelle Vague ne le lâche plus.
Brialy tourne alors "Une femme est une femme" (Jean-Luc Godard),
"Ascenseur pour l'échafaud" et "Les amants" (Louis Malle), "Les
quatre cents coups" et "La mariée était en noir" (François
Truffaut) et "Le genou de Claire" (Eric Rohmer).
En 1971, il réalise son premier film, "Eglantine", une évocation
nostalgique de ses souvenirs d'enfance. Attaché à cette période de
la vie, Jean-Claude Brialy décide de mettre également en images
pour la télévision "Les Malheurs de Sophie" (1981) et surtout "Un
bon petit diable" avec Alice Sapritch en marâtre.
Travailleur acharné
Boulimique de travail, tournant plusieurs films par an à moins
qu'il ne soit au théâtre, Jean-Claude Brialy touche à tous les
genres. Il sait cultiver une image d'amuseur élégant et est apparu
dans de nombreuses comédies ("Ripoux contre Ripoux" par exemple).
Mais la gravité fait tout aussi bien partie de son jeu, qu'il
exploite notamment dans les films noirs à la française comme
"Mortelle randonnée" de Claude Miller.
Incarnant souvent des personnages tendres et devenant avec l'âge
de plus en plus paternels, voire patriarches ("L'Effrontée" de
Miller ou "La Reine Margot" de Chéreau), Jean-Claude Brialy avait
tourné son dernier film pour la télévision en 2006, "Monsieur Max",
de Gabriel Aghion. Il apparaît aussi dans "Dernière enquête" de
Romuald Beugnon, qui doit sortir en septembre 2007.
Hommage de Sarkozy
Premier à réagir, Nicolas Sarkozy a fait part de son "immense
tristesse" après la mort de Jean-Claude Brialy, saluant "un
humaniste gourmand et un mémorialiste inépuisable". "Avec la
disparition de ce grand comédien, ce grand acteur, mais aussi cet
entrepreneur, réalisateur, directeur de salle et de festival,
disparaît une sentinelle de la nuit, de la fête et de la
poésie".
Pour Ni.Sarkozy, l'interprète du "Beau Serge" "aura incarné la
Nouvelle vague et habité un demi-siècle de cinéma, imprégnant près
de 200 films de sa générosité, son humour, sa finesse et sa
légèreté", conjuguant "le cinéma d'auteur et le cinéma populaire".
"Par ses réalisations cinématographiques et télévisuelles, il aura
mis sa passion de l'histoire et de la littérature au service du
public le plus large", a conclu le président.
agences/fm/boi
Ses principaux films
1956, "Elena et les Hommes" de J.Renoir.
1957, "Une Histoire d'eau" de J-L.Godard.
1958, "Les Amants" de L.Malle.
1959, "Les Cousins" de Cl.Chabrol.
1959, "Le Beau Serge" de Cl.Chabrol.
1959, "Les Quatre cents coups" de F.Truffaut.
1961, "Les Godelureaux" de Cl.Chabrol.
1961, "Paris nous appartient" de J.Rivette.
1968, "La Mariée était en noir" de F.Truffaut.
1970, "Le Genou de Claire" d'E.Rohmer.
1974, "Le Fantôme de la liberté" de L.Bunuel.
1977, "Julie pot de colle" de Ph.de Broca.
1983, "Edith et Marcel" de Cl.Lelouch.
1983, "Papy fait de la résistance" de J-M.Poiré.
1987, "Les Innocents" d'A.Téchiné.
1990, "Ripoux contre ripoux" de Cl.Zidi.
1994, "La Reine Margot" de P.Chéreau.
2000, "Les Acteurs" de B.Blier.
2001, "Concurrence déloyale" d'E.Scola.
2004, "People Jet set 2" de F.Onteniente.
2007, "Dernière enquête" de R.Beugnon.
Les réactions
"Jean-Claude est comme un jeune frère pour moi et je regrette qu'il soit parti avant moi" (Jeanne Moreau).
"Un homme fin, délicat, c'était un vrai ami et puis c'était un acteur magnifique" (Pierre Arditi).
"Un surdoué, doué pour tout. "Tout ce qu'il touchait, il le rendait beau, intelligent et brillant" (Michel Drucker).
"Quand je voulais savoir quelque chose sur ce métier, j'appelais Jean-Claude. Il connaissait tout, l'humeur, la santé des gens, il s'intéressait à tout le monde, c'était une bête de curiosité" (Claude Lelouch).
"J'ai perdu un frère", une partie de moi-même. Je ne peux pas imaginer qu'on ne va plus voir Jean-Claude, cet amoureux de la vie" (Line Renaud).