Récap "Game of Thrones": un quatrième épisode un peu trop hollywoodien

Avec ce 4e épisode, les scénaristes de HBO semblent vouloir nous aider à accepter l'idée que la série se terminera bientôt. Certains aspects qui faisaient le sel de "Game of Thrones" au cours des huit dernières années ont disparu et le générique de fin du quatrième épisode laisse un goût amer.

Jon manque de perspicacité (une fois de plus)

Jon, qui cherche comme toujours à faire ce qui est juste, souhaite révéler ses origines à ses sœurs (ou devrait-on dire ses cousines?). Craignant de voir ses chances d'accéder au trône s'évanouir, Daenerys tente de l'en dissuader. En vain. Jon lève le voile sur ce véritable secret d'État, sans avoir aucune idée des conséquences que vont avoir ses révélations.

Rusée, Sansa s'empresse de transmettre l'information à Tyrion et complote dans le dos de Jon contre sa tante et amante. Si Jon finit par accéder au trône, ce sera, pour ainsi dire, de sa faute. Daenerys Targaryen n'a peut-être pas hérité de la folie légendaire de son père, mais elle a peut-être bien plus en commun avec le roi rebelle Robert Baratheon: ils sont tous deux d'excellents conquérants, mais de très mauvais souverains.

Varys lui-même le voit et démontre une fois de plus à quel point sa conception de la loyauté est souple: il demande à Tyrion de se joindre à lui dans sa rébellion contre Daenerys. Mais Tyrion se refuse à trahir la reine. "J'ai confiance en elle", dit-il. Mais pour combien de temps encore, espèce de fourbe alcoolo, peut-on se demander?

En parlant de fourberie, quelle vacherie de sa part d'évoquer la virginité de Brienne! Révélation bien parée par l'intéressée et habilement utilisée par Jaime. Après Arya et Gendry, c'est à Brienne et Jaime que l'on doit la deuxième scène de sexe inattendue de cette saison. Même si on attendait bien un rapprochement entre les deux après la scène du bain de la saison 5. Mais que cela se fasse vraiment, et sous les yeux stupéfaits de Tormund – on n'ose y croire!

Ici aussi, on reconnaît le formatage hollywoodien. Brienne, jusqu'à présent dure et froide, s'est enfin ouverte à un homme. C'est donc bien une femme, avec des sentiments et tout ce qui va avec. A ce titre, son cœur se doit donc d'être brisé dès la scène suivante: Jamie part pour le sud pour tuer Cersei (même s'il l'annonce de manière nébuleuse... visiblement, de peur qu'elle ne le suive). Brienne le regarde partir, en larmes.

Quelques points d'interrogation

Outre la scène de sexe entre Brienne et Jaime, la mort de Rhaegal fait aussi partie des événements de cet épisode qui nous prennent par surprise. Ironie du sort, après avoir survécu à la dernière bataille, le dragon est finalement abattu par le beau gosse au regard fou de Westeros.

Ce qui énerve dans cette mort, bien plus que son côté tragique, ce sont ses incohérences. Comment les responsables et les généraux de l'armée de Daenerys ont-ils pu être aussi naïfs? Personne n'a vu arriver l'immense flotte d'Euron? Alors même que c’était déjà arrivé?! (Voir la scène similaire de la saison 7).

Rien que la façon dont Rhaegal meurt, parfaitement transpercé de trois carreaux d'arbalètes, est peu crédible. Surtout quand on voit, à la scène suivante, Drogon esquiver sans peine une trentaine de ces mêmes flèches...

Une autre scène qui nous a laissés perplexes est celle dans laquelle Bron se vend (une fois de plus) au Lannister le plus offrant. Les dialogues sont certes bien écrits, mais le tout semble tiré par les cheveux (qui donc l'a laissé entrer? Et armé en plus?) et superflu. Pourquoi recourir à ce ressort scénaristique déjà usé jusqu'à la corde?

Des personnages secondaires qui meurent

Pas de véritable coup de théâtre dans ce quatrième épisode. Missandei est la seule à être capturée, puis tuée. C'est une fois de plus un personnage secondaire qui part, quelqu'un dont on n'a pas trop de mal à se séparer. Sa mort ("Dracarys!") est totalement gratuite. Sur le plan narratif, elle constitue l'ultime preuve que Cersei n'a rien à envier à Daenerys niveau folie, et sert à souligner la solitude et l'isolement de la Reine aux dragons.

Missandei était en effet la dernière alliée de Daenerys rencontrée avant son arrivée à Westeros. C'est une perte amère pour elle. Et elle ne sait pas encore que Varys va, lui aussi, lui tourner le dos.

Quand Tyrion se tient sans défense devant Cersei et lui ressert encore une fois un discours à base de "Tu as toujours aimé tes enfants, libère le trône", on pense qu'elle va l'abattre. Là, la mort aurait été inattendue! Mais non. Ce côté imprévisible, tout comme cette façon de s'affranchir des clichés de genre, c'est ce qui a toujours fait le sel de "Game of Thrones". Et cette dimension manque dans cette ultime saison.

Le pouvoir des femmes... reste une utopie

L'épisode 4 de la saison 8 n'est pas non plus dépourvu de moments particulièrement jouissifs. Les dialogues entre Varys et Tyrion sont toujours ponctués de bons mots ("Une queue ça compte, je le crains fort", déclare l'eunuque). Eh non, Westeros n'est pas le monde utopique que l'on croit. Tout comme le choix d'Arya de rejeter la demande en mariage de Gendry pour partir traverser Westeros, libre comme l’air, avec le Limier.

Si cet épisode est un réel divertissement, on a de la peine à se laisser happer par l'intrigue. Mais il y encore de l'espoir: il reste deux épisodes.

Kathi Lambrecht/SRF Kultur

Traduction: Flora Sellin

Adaptation web: Miruna Coca-Cozma/Sylvie Ravussin

_{>> Pour la dernière saison de "Game of Thrones", la journaliste de SRF Kultur Kathi Lambrecht, fan de la première heure des livres puis de la série, propose un résumé de chaque épisode.}

_{>> Un article publié sur SRF Kultur.}