La question est pertinente, d’autant plus que ces temps-ci sont véhiculées dans divers médias des informations qui démontrent tout et son contraire à propos de l’influence du soleil sur le climat planétaire. Le débat est souvent passionnel, malheureusement. Toutefois en tant que scientifique, il faut rester objectif et neutre, analyser les faits issus des observations disponibles, opérer les bons diagnostiques sur les résultats issus des modèles numériques, pour enfin essayer de dégager un constat impartial. L’utilisation du conditionnel n’est pas une façon de se défausser, il est employé uniquement pour rappeler que nous ne détenons pas La Vérité mais seulement un regard sur la situation établi à partir des connaissances du moment. Une réponse rigoureuse à ta question exigerait cependant un long développement. Néanmoins, je vais essayer d’y répondre en toute simplicité.

Premièrement, le soleil constitue la principale source d’énergie externe à l’origine des processus météorologiques, et celle du climat par voie de conséquence. On pourrait alors penser que les variations de l’activité solaire ont un impact définitif sur le climat; oui, mais il faut rappeler que même si le système climatique est sensible aux variations de différents forçages externes et internes (activité solaire, processus chimiques et physiques atmosphériques, échanges d’énergie avec les surfaces, répartition des océans et des continents, etc.), les variations solaires sont actuellement de faible amplitude par rapport à certains autres facteurs, notamment ceux d’origine anthropique. Le climat planétaire résulte de la compétition entre tous ces facteurs dont les influences ont manifestement varié au cours du temps; celui-ci a connu de grandes variations "naturelles" au cours de l’histoire de la Terre, passant successivement par des époques glaciaires et interglaciaires à un rythme plus ou moins constant durant le quaternaire (derniers millions d’années), entrecoupé de fluctuations de plus courtes durées qui témoignent de la complexité des multiples interactions résultant de l’association existant entre ces facteurs. Maintenant, pour la question "sait-on dans quelle mesure les variations de l'activité solaire peuvent influencer le climat?", la réponse dépend de l’échelle temporelle retenue.

Disons, à propos de l’impact des variations de l’activité solaire sur le climat, que des recherches tendent à démontrer que l’activité solaire contribue pour moins de 10% aux variations climatiques actuelles, mais il en fut probablement autrement dans le passé. Est-ce qu’on peut prédire ces variations [solaires]? N’étant pas un spécialiste du soleil, je me suis permis de puiser quelques informations dans la littérature classique, ainsi que sur le Web. Comme c’est le cas pour la prévision météorologique, certaines perturbations solaires sont plus prévisibles que d’autres. Le Soleil tourne sur lui-même en 27 jours environ, si bien que ces perturbations viennent balayer la Terre à des intervalles réguliers. Ces perturbations n’ont cependant qu’une influence assez limitée sur le temps qu’il fait. Comme c’est le cas en prévision numérique du temps et du climat, il est souvent plus facile de prédire les conditions solaires à long terme qu’à court terme. Le Soleil suit un cycle d’activité d’environ onze ans (le cycle solaire), ce qui permet d’anticiper les conditions moyennes plusieurs années à l’avance. L’amplitude du cycle solaire fluctue cependant, et il semble même avoir les caractéristiques du chaos déterministe (Wikipedia, consulté en mai 2015). La prévision du prochain pic d’activité solaire fait actuellement l’objet de nombreuses études.

Pour résumer de façon quantitative, selon le GIEC (2013), le forçage anthropique total en 2011 par rapport à 1750 est d’environ 2.29 W m-2 et a progressé plus rapidement depuis 1970 qu’au cours des décennies précédentes. Ce résultat s’explique par une contribution positive des gaz à effet de serre combinée à l’effet de refroidissement des aérosols. Le forçage dû aux changements du rayonnement solaire est estimé, quant à lui, a environ 0.05 W m-2. Ce qui montre que l’activité solaire a actuellement un effet noyé par l’effet anthropique. Pour décrire l’ampleur et la gamme des forçages considérés, les preuves laissent penser qu’il existe une relation approximativement linéaire entre le forçage radiatif moyen global et la réponse moyenne globale de la température de surface. Donc, même si le soleil constitue notre source d’énergie ultime, le rôle de la variation de l’activité solaire dans l’évolution de la température de l’atmosphère planétaire semble aujourd'hui en réalité bien faible.