Il n’y a plus aucun doute que notre système de défense, appelé système immunitaire, est capable de nous protéger contre le développement et la croissance des cancers. L’immunothérapie, ou plutôt les immunothérapies, ont pour but d’exploiter cette propriété naturelle afin de traiter des maladies cancéreuses établies. Votre question est particulièrement pertinente et je vous prie de trouver ci-dessous quelques éléments de réponse.

Il existe plusieurs stratégies, dont l’objectif est d’exploiter les propriétés naturelles du système immunitaire ou de les copier. Ce type d’approche peut donc s’appliquer à l’ensemble des pathologies cancéreuses et non seulement aux mélanomes. Si certaines règles vont être communes pour l’ensemble des cancers, certains aspects des immunothérapies seront différents si l’on s’adresse à une tumeur se développant dans la peau ou dans le cerveau, ou encore dans un autre organe.

Vous avez cependant tout à fait raison: on parle particulièrement de cette nouvelle approche thérapeutique dans le cadre du mélanome, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit probablement d’une tumeur qui est naturellement «immunogène», c'est-à-dire capable de déclencher une réponse immunitaire. On peut par exemple observer la régression spontanée de ce type de cancer sous l’effet de certaines cellules du système immunitaire appelées lymphocytes T. L’autre raison de la meilleure visibilité du mélanome dans le domaine de l’immunothérapie est indiscutablement une meilleure connaissance des relations entre cette tumeur et le système immunitaire, en partie liée à l’accessibilité de ce type de tumeur à de fréquentes biopsies et, donc, à une analyse approfondie.

Dans les mois à venir sera commercialisé un anticorps qui permet de «doper» les lymphocytes T. Cet anticorps a montré dans les études cliniques qu’il permettait d’améliorer le pronostic des patients souffrant de mélanome métastatique. Il s’agit là d’une première étape prometteuse, et il est hautement probable que d’autres immunothérapies vont voir le jour dans le cadre du mélanome, mais également d’autres tumeurs. Il ne faut cependant pas attendre un médicament miracle pour l’ensemble des cancers, mais le développement de multiples approches spécifiques à chaque pathologie tumorale. Les 10 années à venir devraient nous permettre de déterminer la place des immunothérapies dans les stratégies thérapeutiques globales contre le cancer et les progrès actuels laissent entrevoir de très belles perspectives.