Dormir et rêver, c’est tout un programme pour notre cerveau!

En réalité, le sommeil n’est pas un état homogène. Les spécialistes du sommeil définissent plusieurs stades de sommeil qui se distribuent pendant la nuit de sommeil. Ainsi, pour illustrer le lien entre le cerveau et le rêve, on pourrait formuler l’équation suivante : les stades de sommeil correspondent à différents états d’activité cérébrale qui produisent différents types d’activité mentale qu’on appelle aussi « rêves ».

Dans les années 1950, des chercheurs ont montré que pendant le sommeil notre cerveau ne fonctionne pas tout le temps au ralenti, comme pendant le sommeil lent. Le cerveau passe par des périodes de grande activité accompagnées notamment par des mouvements oculaires rapides et une chute du tonus musculaire. Ils ont nommé cet état « sommeil à mouvements oculaires rapides » ou également « sommeil paradoxal » car le cerveau semble très actif alors que le corps est totalement immobile.

Si des dormeurs sont réveillés pendant ce stade de sommeil, ils rapportent le plus souvent des rêves très riches en qualités sensorielles, émotionnelles, et très narratifs – ce sont des rêves comme on les imagine habituellement. Par contraste, lorsqu’on réveille les dormeurs pendant le sommeil lent et plutôt en début de nuit, les rêves rapportés ressemblent davantage à des pensées, des ruminations concernant la veille, ou des sensations simples isolées.

Les études récentes d’imagerie cérébrale chez l’humain ont montré que certaines régions du cerveau sont très activées pendant le sommeil paradoxal – le sommeil généralement riche en rêves. Les régions sensorielles notamment les cortex associatifs visuels, les régions qui traitent des émotions comme l’amygdale, des régions qui sont importantes pour la mémoire comme l’hippocampe, et même des régions motrices sont très activées pendant le sommeil paradoxal. Ces résultats très intéressants suggèrent que le cerveau fabrique des impressions sensorielles et émotionnelles complexes spontanément pendant le sommeil, c’est-à-dire en l’absence de stimulations qui proviennent de l’extérieur. Le cerveau rêvant génère aussi des mouvements organisés – dans nos rêves, nous pouvons marcher, courir, et même parfois voler ! Heureusement, les commandes motrices envoyées par notre cerveau vers les muscles sont bloquées à la sortie du cerveau et ainsi nous n’agissons pas nos rêves. Finalement, l’activation de régions qui s’occupent de la mémoire comme l’hippocampe est compatible avec de nombreux résultats comportementaux récents qui démontrent que des événements en mémoire ou des apprentissages nouveaux sont traités, restructurés, et parfois consolidés pendant le sommeil.

L’imagerie cérébrale a également montré que certaines régions du cerveau humain sont moins activées pendant le sommeil comme les régions frontales latérales et le cortex pariétal inférieur. Ceci explique le manque de stabilité dans le temps et dans l’espace des rêves, l’altération de la perception du temps, les distorsions de mémoire, l’illusion d’être éveillé, la réduction de contrôle volontaire des actions et des pensées, etc.

Cette distribution très particulière de l’activité cérébrale pendant le sommeil explique les nombreuses bizarreries qui sont caractéristiques et typiques dans les rêves.