La philosophie est d’abord une certaine attitude, celle de la réflexion. La devise du philosophe pourrait être celle de Phil Collins : « Think twice », y penser à deux fois. Mais apprendre à penser, ce n’est pas apprendre à penser sur n’importe quoi. Il est faux, contrairement à l’image reçue dans les medias, que le philosophe doive être prêt à traiter de n’importe quel sujet sous prétexte que « les gens » s’y intéressent (c’était le programme des sophistes). La philosophie n’est pas une conversation, elle a une visée théorique. Elle doit traiter des questions et des concepts les plus fondamentaux de la manière la plus fondamentale qui soit. Lesquels ? La nature de l’être, la nature de la vérité, du savoir, de la justice, des fondements de la société, du bien et de la vie bonne, de la valeur et de la beauté. Le philosophe n’a pas la propriété de ces questions (elles concernent tout un chacun, y compris la nature de l’être). Il n’a même pas la propriété de ses méthodes, puisqu’il doit, comme le scientifique, essayer de proposer des théories, et comme les gens de bon sens, faire usage de la raison et de l’argument. Cela ne veut pas dire que la philosophie soit de la science. Les théories du philosophe sont plus abstraites et elles ne font pas l’objet de vérifications empiriques. Mais elles n’en sont pas moins susceptibles d’être vraies, parce qu’elles traitent des fondements des choses et des valeurs. Si la philosophie n’a pas cette attitude théorique, elle n’a aucune capacité à traiter des questions pratiques pour lesquelles elle est le plus souvent sollicitée.