Peut-on encore rêver le Transsibérien?
1913-2013, en Transsibérien, d’une Prose à l’autre.
Cent ans après le voyage imaginaire et poétique de Blaise Cendrars, Espace 2 a embarqué en décembre 2013 à bord du célèbre train qui traverse la Russie et la Chine, parcourant près de 10'000 kilomètres.
Cent ans après le voyage imaginaire et poétique de Blaise Cendrars, Espace 2 a embarqué en décembre 2013 à bord du célèbre train qui traverse la Russie et la Chine, parcourant près de 10'000 kilomètres.
Le sommaire de l’émission
- Émission entière1913-2013, en Transsibérien, d’une Prose à l’autre.
Cent ans après le voyage imaginaire et poétique de Blaise Cendrars, Espace 2 a embarqué en décembre 2013 à bord du célèbre train qui traverse la Russie et la Chine, parcourant près de 10'000 kilomètres. - Le son du train
- La Prose du Transsibérien"J'étais à seize mille lieues du lieu de ma naissance. J'étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares…"
Lecture par Anne Gillot et David Collin. - Le Labo, partie 1De Moscou à Novossibirsk
- Le 101ème kilomètreLe 101ème kilomètre de Moscou représentait la zone où pouvait s’établir un prisonnier politique qui sortait de prison durant la période stalinienne. C’était la province. Regard sur ce lien particulier et douloureux qui relie Moscou à sa province. Voyage de l’un à l’autre, avec Maxime Ossipov, médecin et écrivain qui dresse le portrait de l’état de la société russe d’aujourd’hui.
- Cette fascinante SibérieCap sur l’Est de la Sibérie, dans un région connue pour ses goulags et autres camps de travail pour les prisonniers politiques. Immersion dans la Sibérie d’Olivier Rolin, écrivain fasciné par l’immensité de cet espace, une direction interdite durant son enfance.
- Le transsibérien entre mythe et réalité17 jours de voyage sur les traces d’un voyage centenaire, en grande partie imaginaire, mais qui donna lieu à un des textes les plus modernes de son temps : "La prose du Transsibérien" de Blaise Cendrars. Le Transsibérien fait rêver. Mais pour les poètes et les voyageurs de ce train, qui relie Moscou à la Sibérie, il s’agit surtout d’un mythe russe. Découvrez le regard des Russes sur ce train qui fait tant rêver les occidentaux.
- Le Labo, partie 2De Irkoutsk à Oulan-Bator et Pékin
- Novossibirsk13 décembre. Où l’on apprend la découverte d’une autre espèce d’humains dans le froid de la Sibérie, non loin de Novossibirsk. "L’homme de Denisova", un fossile qui date de 40000 années, jette le trouble sur les origines de l’Homme.
« Mais en 2010 on découvrit, non loin de Novossibirsk, une autre espèce d’humains. Plus exactement une phalange et une molaire d’un seul individu, pas davantage, mais dont l’ADN remarquablement conservée suffit à nous renseigner sur le fait qu’il ne s’agissait ni de Sapiens ni de Neandertal mais d’un troisième larron (une larronne plutôt, car le fragment découvert était celui d’une femme, une autre Princesse de l’Altaï, beaucoup plus antique, à la peau sombre et aux yeux bruns ‒ assez loin donc des beautés sibériennes croisées dans les rues de Novossibirsk quelques dizaines de milliers d’années plus tard). Négligeant le fait qu’il s’agissait d’une femme, on baptisa ce nouvel arrivant "homme de Denisova", du nom de la grotte dans laquelle il fut découvert, au nord-est de l’Altaï." - Christian Garcin - Vers Novossibirsk – De la permanence des camps11 décembre. Les paysages défilent, des images ressurgissent. Le Transsibérien longe par le nord la république de Chuvash et aussi celle de Mordovie. Les bagnes de Mordovie étaient les plus effrayants de Russie. Pire que ceux de Sibérie. C’est dans un des camps de détention de Mordovie que Nadejda Tolokonnikova, des Pussy Riot, a passé deux ans…
"Dans son énumération des villes traversées, Cendrars récite Tomsk Tcheliabinsk Kainsk Obi Taichet Verkné-Oudinsk Kirgane Samara Pensa-Touloune. Bien entendu il ne les mentionne pas toutes, ces villes, pourquoi le ferait-il, la musique des sons et le rythme des syncopes valait pour lui davantage que la réalité géographique des lieux, dont il importe assez peu finalement qu’il les ait traversés ou pas." - Christian Garcin - La musique électronique russe, entre avant-garde et traditionExpérience musicale exceptionnelle avec deux musiciens très connu sur la scène électronique de Irkoutsk: Evgueni et Anastasia Masloboïev. Une voix qui sort presque de l’âme de cette interprète qui utilise des techniques de chant ancestrales.
- La Prose du Transsibérien"En ce temps-là j’étais en mon adolescence. J’avais à peine 16 ans et je ne me souvenais déjà plus de ma naissance…". Lecture par Anne Gillot et David Collin.
- Le wagon restaurantDans le Transsibérien, il y a un endroit où toutes les rencontres sont possibles: le wagon restaurant. Voyage dans les secrets des discussions du wagon avec sa cheffe, qui y travaille depuis 27 ans.
- Bienvenue dans l’extrême SibérieL’écrivain russe Roman Sentchine évoque la région frontière entre la Russie et la Mongolie, la République de Touva.
- Entre Omsk et Novossibirsk12 décembre. Le voyage appelle d’autres voyages. Evocation de Sergueï Mikhaïlovitch Prokoudine-Gorsky, pionnier de la trichromie, que le tsar Nicolas II appréciait particulièrement. Les photographies de Prokoudine vont accompagner, en filigrane, le tragique destin des Romanov. Le voyage appelle d’autres voyages.
"Durant cette même année 1913, le tsar Nicolas II, au moins aussi amateur de symboles que de photographies, entreprit un voyage de célébration du tricentenaire du règne de la famille Romanov, allant de St Petersbourg à Moscou en passant par Vladimir, Suzdal, Bogolioubovo, Nijni Novgorod, Kostroma, Iaroslav, Rostov, Pereslav Zalesski et Serguiev Possad, voyage au cours duquel le peuple ne cessa, dit-on, de montrer son attachement au tsarisme en acclamant la famille impériale et en chantant l’hymne impérial: "Dieu protège le tsar". En février de cette année-là, un certain Joseph Djougachvili, dit Staline, était arrêté et exilé à Touroukhansk, au confluent de l’Ienisseï et de la Toungounska inférieure, à une centaine de kilomètres au sud du cercle polaire." - Christian Garcin - En route pour Pékin15 décembre. Christian Garcin poursuit son voyage vers Pékin, tandis que l’équipe d’Espace 2 se dirige, elle, vers Oulan-Bator. A partir d’Irkoutsk le voyage devient lent, disait Cendrars. Cent plus tard, le paysage est tout aussi vaste, l’immensité du pays n’a pas changé. Le temps s’étale, mais n’ennuie pas. Le transsibérien devient au fil des jours une école de la patience…
"Cent ans plus tard, le train contourne toujours une partie du Baïkal: la rive sud, qu’il longe pendant 200 kms environ, avant de filer vers l’est, et Oulan-Oudé. La vue est splendide, surtout au petit matin (c’est-à-dire vers dix heures: le soleil se lève tard dans ces contrées l’hiver). Le rivage est si proche qu’on pourrait presque, en ouvrant la fenêtre, si les fenêtres s’ouvraient, y tremper le bout des doigts. Les eaux hésitent entre gris, mauve et bleu nuit. Elles fument parfois, peut-être le témoignage de chaudes résurgences sous-marines, se dit-on, avant de réaliser qu’il ne s’agit que d’écharpes de brume matinale en suspension. Au premier plan les berges enneigées, saupoudrés d’îlots d’herbes brunes, alignent leurs théories pâles de bouleaux; derrière, les montagnes immaculées, découpées au scalpel sur le profond du ciel, viennent rompre la vaste horizontalité bleue-mauve du lac. Le froid est palpable." Christian Garcin - Le retour des traditions en MongoliePremier jour à Oulan-Bator, rendez-vous chez un calligraphe. Il explique qu’un véritable printemps s’est emparé de la Mongolie avec le retour des traditions. Le pays reste tout de même ouvert à la modernité, complétée par la recherche intérieure de tout un peuple.
- A l’est de Tchita19 décembre. Voyage en solitaire de Christian Garcin au bord du train numéro 20 Moscou Pékin. Le programme du voyage: "laisser le lac Baïkal derrière, longer la frontière nord de la Mongolie, quitter la taïga pour les steppes brunes et rases, filer plein est vers la Mandchourie, pour descendre ensuite sur Pékin." Pour l’écrivain, le simple fait de mentionner ces régions fait surgir les noms évocateurs de la république d’Extrême-Orient. Car avant de voyager à travers des lieux, on voyage à travers des noms.
- La Prose du Transsibérien"A partir d’Irkoutsk, le voyage devint beaucoup trop lent, beaucoup trop long. Nous étions dans le premier train qui contournait le lac Baïkal. On avait orné la locomotive de drapeaux…" Lecture par Anne Gillot et David Collin.
- La Prose du Transsibérien"Les vitres sont givrées, pas de nature. Et derrière, les plaines sibériennes, le ciel bas… " Lecture par Anne Gillot et David Collin.
- Pékin - Les coffres de Pforzheim21 décembre. Le train a quitté les steppes de la Mongolie intérieure pour entrer dans les grandes plaines gelées de la région du Heilongjian, le Fleuve du Dragon Noir. Mais on ne sort pas comme de Russie, on n’entre pas comme ça en Chine. La liberté ressentie durant le voyage se heurte à l’existence des frontières. Trop de frontières. Pékin. Terminus. Fin du voyage.
"Pékin, comme la Chine urbaine tout entière, s’est modernisée à très grande vitesse; on frôle à présent l’hystérie de lumières, de bruits et d’architectures audacieuses. Tout respire le XXIe siècle: le XXe est jeté aux orties. Autant dire qu’en débarquant à Pékin, on se sent loin, bien loin du poème de Cendrars, et de l’année 1913." - Christian Garcin - Les Décembristes, cette noblesse révolutionnaire du XIXème siècleIrkoutsk, ville historique avec ses vieilles maisons en bois, la ville où est passé l’aventurier Michel Strogoff et tout une société exilée par le tsar dans les premières années du 19ème siècle pour des idées considérées comme étant trop progressistes. Visite de l’un des Musées des Décembristes, la Maison Volkonski.
- 1913-2013, un héritage difficileQuel lien entre 1913 (date de la publication du texte de Cendrars) et 2013 ? Quels peuvent être les liens littéraires, spirituels et historiques entre ces deux époques ? Rencontre à Moscou avec l’écrivain Dimitri Starkov.
- Moscou – Gare et clochers9 décembre. Moscou. Point de départ du Transsibérien. Moscou, la ville des mille et trois clochers et des sept gares. Le voyage dans les noms et l’imaginaire commence …
"En cent ans, plusieurs mondes se sont succédé partout sur la planète, mais peut-être plus particulièrement en Russie: plusieurs mondes et plusieurs visions du monde, oscillant d’un puissant enthousiasme collectif à une grise désillusion, selon un tracé chaotique et souvent douloureux, scandé de milliers de mots d’ordre, de terreurs sans nom, d’infinies tristesses et de magnifiques espérances… " - Christian Garcin - Moscou – Héros de l’Union Soviétique10 décembre. Des rêves, des souvenirs et des rencontres près de l’étang du Patriarche à Moscou. Un des lieux des plus littéraires de la capitale. Ici, à Moscou, Christian Garcin connaît plus de monde que chez lui. Le temps se dilate, mais nulle envie d’accélérer le broun-roun-roun des roues et la succession des fuseaux. Le transsibérien quitte la gare Yaroslavsky. Les paysages défilent…
"Tu vois l’étang du Patriarche? Eh bien, juste derrière le pavillon, à savoir au rez-de-chaussée de l’immeuble où habite Evguéni. Se trouvèrent ainsi réunis dans ce petit restaurant, outre les convives que nous étions, Mikhaïl Boulgakov à qui l’étang renvoie inévitablement, Maxim Ossipov qui possède son portrait dans son bureau, Evguéni Bounimovitch qui habite juste au-dessus, Cendrars à propos duquel Olivier dit ensuite quelques mots au micro que lui tendit David (lequel, casque aux oreilles, écoute son interview pendant que j’écris ces lignes, alors que le transsibérien vient de démarrer), et quelques héros de l’Union soviétique, qui quant à eux arrivèrent plus tard." - Christian Garcin - La Prose du Transsibérien"Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre? Les inquiétudes, oublie les inquiétudes…" Lecture par Anne Gillot et David Collin.
- L’avant-garde russe du début du 20ème siècleL’avant-garde russe a profondément marqué le début du XXème siècle. Pas seulement la Russie, mais le monde entier. Rencontre avec le poète Evgueni Bounimovitch, responsable d’un Festival littéraire à Moscou et le compositeur et musicien Alexei Borisov.