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Ainsi donc des observateurs neutres surveilleront la votation du 24 novembre sur l'avenir institutionnel de la région jurassienne. Objectif? Renforcer la confiance de la population dans ce scrutin. On se frotte les yeux: sommes-nous devant deux régions en guerre l'une contre l'autre? Des observateurs neutres, comme dans les pays traumatisés de l'histoire récente: le Kosovo, l'Afghanistan? Ou serait-ce peut-être le syndrome des deux Corées qui opère, tant les intérêts du Jura Nord sont différents de ceux du Jura Sud, et vice-versa? Cette information, qu'il eût mieux valu taire, met au moins le doigt sur une réalité incontestable: les cicatrices du passé récent ne sont pas refermées, la mémoire des années septante rôde toujours comme un parfum délétère qui empoisonne l'atmosphère. Le gouvernement bernois invoque les caisses noires qui avaient entaché le scrutin de 1975; d'autres acteurs rappelleront que, plus récemment, l'élection à la Mairie de Porrentruy a bien montré que les tricheurs sévissent partout. Alors, bonjour la confiance, quand c'est bien plutôt un aveu de méfiance qui filtre derrière ce souhait de convoquer des surveillants du scrutin. Ce vote historique offrait l'occasion unique de réfléchir à l'exiguïté des frontières cantonales, de dépasser le chacun pour soi, puisque le résultat, sauf grand bouleversement, conduira presque à coup sûr au statu quo. Au lieu de quoi, nous voilà associés à un gentil psychodrame fédéraliste qui aiguisera la méfiance des uns et des autres. Et qui se déroulera sous le patronage de Casques bleus bien inoffensifs! Roger Guignard
Les observateurs de la méfiance