Sur la route du Tour de Romandie

Le Tour de Romandie porte le label de l’UCI World Tour. A l'instar du Tour de France, du Giro ou encore du Tour de Suisse, il fait partie des compétitions du plus haut niveau du cyclisme sur route.

Dans le calendrier des courses, le Tour de Romandie, qui se tient habituellement fin avril-début mai, a lieu juste après le Tour des Flandres et la classique Liège-Bastogne-Liège. Il précède de peu le Tour d’Italie, dont il constitue pour de nombreux coureurs une sorte de prologue ou de répétition générale.

A ses débuts, le Tour de Romandie comprenait quatre étapes, dont une étape de contre-la-montre. Puis on lui ajoute un prologue. En 1973, une nouvelle formule est choisie : un prologue et cinq étapes, dont un contre-la-montre. Le caractère varié des configurations géographiques proposées, avec notamment des étapes dans les Alpes, est apprécié des cyclistes.

L'Irlandais Stephen Roche est le seul coureur à avoir conquis trois fois le maillot vert de l'épreuve. Douze autres l'ont gagné deux fois. Parmi eux, les Suisses Ferdi Kübler, Hugo Koblet, Tony Rominger et Pascal Richard.  Au niveau des nations, l’Italie est en tête avec treize victoires, suivie de la Suisse (douze victoires), la France (dix victoires) et la Belgique (six victoires). Le Vaudois Laurent Dufaux est le dernier Suisse à avoir remporté le Tour en 1998.

Ils sont tous deux Suisses et qui plus est Zurichois. Ils ont fait les beaux jours du cyclisme dès le tournant des années cinquante. Ferdi Kübler (à gauche) et Hugo Koblet (à droite), surnommés les deux "K", seront les grands animateurs du Tour de Romandie naissant, et contribueront à populariser ce nouveau rendez-vous sportif.

En 1951, Ferdi Kübler est au sommet de sa forme. Vainqueur du Tour de France un an auparavant, il vient de remporter coup sur coup les classiques Liège-Bastogne-Liège et la Flèche Wallonne. Plus jeune, mais cycliste déjà confirmé, Hugo Koblet a dominé le Tour d'Italie 1950. Les deux hommes se retrouvent au départ du Tour de Romandie. En 1997, Ferdi Kübler se souvient encore de cette épreuve et de la rivalité complice qui l'a toujours lié à l'autre "K".

1954 : une première

En 1954, année officielle de sa naissance, la jeune télévision romande commence à se faire une place dans le peloton (les images tournées avant cette date proviennent du Ciné-Journal suisse ou de cinéastes privés). Les journalistes Boris Acquadro et Humbert-Louis Bonardelli évoquent les conditions artisanales dans lesquelles les équipes de télévision ramenaient leurs images. Du point de vue sportif, cette édition sera dominée par le cycliste français Jean Forestier. Le Genevois Jean Brun remporte l’étape de Vallorbe.

Motard parisien, Michel Sergent a couvert près de vingt Tours de France. Inutile de dire qu'il connaît bien son métier. Le voici au travail sur le Tour de Romandie en 1976.

1976 toujours. Le quotidien d'un journaliste de presse sur le Tour de Romandie requiert des qualités proches de celui d'un cycliste, comme l'endurance et la rapidité.

Bertrand Duboux, Monsieur cyclisme

Journaliste sportif à la TSR, Bertrand Duboux fut durant trois décennies le commentateur de référence pour le cyclisme. Durant sa carrière, il aura couvert 25 Tours de Suisses, 30 Tours de France et 35 Tours de Romandie.

En 1997, à l'occasion du 50e anniversaire de l'épreuve, il réalise un documentaire qui raconte, année après année, les faits marquants de chacune de ces éditions. Réalisé à partir de documents d'archives, fourmillant d'informations historiques et d'anecdotes, ce document a constitué une base essentielle à notre dossier.

Lien à l'intégrale du reportage "50 ans du Tour de Romandie".

La sensation Merckx

En mai 1968, alors que la révolution étudiante met le feu à Paris, un certain Eddy Merckx est au départ du Tour de Romandie. Quelques heures avant la course contre-la-montre par équipe qui inaugure la compétition, le journaliste Jean-Jacques Tillmann s'entretient avec lui à Genève. Champion du monde sur route un an plus tôt, le Belge de 23 ans a remporté en avril son premier Paris-Roubaix. La forme est là. Eddy Merckx sera le grand vainqueur de cette 22e édition. Le champion confirmera en gagnant le Tour d’Italie quelques semaines plus tard.

Le phénomène Hinault

En 1980, le Breton, déjà double vainqueur du Tour de France, s'invite au Tour de Romandie. Il va faire montre de son indomptable volonté en s'illustrant notamment lors de la montée de l’Alpe des Chaux dans une troisième étape d’anthologie.

Le triplé de Stephen Roche

Le Tour de Romandie a permis à des valeurs montantes du cyclisme de se révéler. Ce fut le cas pour Stephen Roche. Passé professionnel en 1981, il intègre l’équipe Peugeot. Il remporte trois courses par étapes, mais réalise une année 1982 plutôt médiocre. En 1983, son jeune talent s’épanouit sur les routes de Suisse romande. Il monte sur la plus haute marche du podium, tandis que son coéquipier Phil Anderson s’adjuge la deuxième place.

Un an plus tard, l’Irlandais doit faire face à une forte concurrence : celle de Laurent Fignon, vainqueur du Tour de France 1983, mais surtout celle du Neuchâtelois Jean-Marie Grezet, qui va frôler l’exploit.

En 1987, l’Irlandais est à nouveau de retour sur la plus haute marche. Avec ses trois victoires, il est et reste encore aujourd’hui le recordman de l’épreuve.  Après sa victoire de 1987,  Stephen Roche va remporter coup sur coup le Giro, le Tour de France et le championnat du monde sur route.

Tony Rominger et Pascal Richard : le renouveau helvétique

En 1991, Tony Rominger a 30 ans. Il vient de gagner Paris-Nice. En 1989, il avait déjà brillé sur le Tour de Lombardie. Maîtrisant aussi bien la montagne que le contre-la-montre, il possède des arguments de poids avant de s’élancer dans le Tour de Romandie. Lors de la deuxième étape entre Saillon et La Fouly, Rominger, épaulé par ses coéquipiers, réussit à distancer ses principaux adversaires et à creuser durablement l'écart.

Quatre ans plus tard, en 1995, le Suisse renouvelle son exploit sur le Tour de Romandie. La même année il remporte le Tour d’Italie et devient le recordman du monde de l’heure.

Avant lui, aucun Romand n'avait réussi à inscrire son nom au palmarès du Tour de France. Le Vaudois Pascal Richard crée la sensation en 1993, puis en 1994. Champion du monde de cyclo-cross, Pascal Richard avait été sacré meilleur grimpeur du Tour de France 1991. Le Tour de Romandie 1993 lui permet de remporter sa première victoire dans une course à étapes.

Laurent Dufaux, l'ombre du doute

Le Vaudois Laurent Dufaux s’adjuge le Tour en 1998. Il devient la nouvelle star du public romand. Ce succès sera assombri quelques mois plus tard par l’affaire Festina, qui éclate lors du Tour de France.

Laurent Dufaux est le dernier Suisse à avoir remporté le Tour de Romandie.