La réponse la plus courte et la plus simple à cette question est que l’eau de la rivière vient de la pluie. Cette réponse cache des situations très différentes en fonction des régions où tombent les précipitations, sous forme de pluie ou de neige. L’eau qui nous tombe sur la tête peut mettre de quelques minutes à plusieurs milliers d’années pour rejoindre la rivière. Regardons d’un peu plus près ce qui se passe au niveau global.

L’eau à la surface de la Terre est constamment en mouvement suivant ce que l’on appelle "le cycle de l’eau". De manière simplifiée, l’eau des océans s’évapore grâce à l’énergie du soleil, elle forme des nuages qui sont transportés au-dessus des continents par les vents. L’eau retombe ensuite sur les continents sous forme de pluie, ou s’il fait assez froid (par exemple en altitude ou dans les hautes latitudes comme près des pôles) sous forme de neige. Ces précipitations proviennent également de l’évaporation de l’eau qui se trouve à la surface des continents (par exemple dans les sols et la végétation). L’eau tombée sur les continents va rejoindre les rivières puis les fleuves pour se jeter dans les océans. L’eau retourne à son point de départ et le cycle est ainsi fermé.

Le temps que va mettre l’eau tombée du ciel pour rejoindre la rivière varie selon les régions. Par exemple en Suisse, en très haute altitude, les précipitations tombent sous forme de neige, qui se transforme en glace et constitue les glaciers. Cette glace, par le mouvement lent mais constant de l’avancement du glacier, se retrouve à des altitudes plus basses, ce qui permet à l’eau de fondre et d’alimenter les rivières. Ce processus retarde de plusieurs dizaines à plusieurs centaines d’années le transfert des précipitations vers la rivière.

En plus basse altitude, la neige s’accumule sur les sols et fond en été, retardant de quelques mois le transfert vers la rivière. Lorsqu’elles sont principalement alimentées par les glaciers et la fonte des neiges, les rivières ont des débits maximums (période de crues) à la fin du printemps et en été, et des débits minimums (période d’étiage) en hiver. Près de chez nous, le Rhône en Valais constitue un bon exemple.

En plus basse altitude encore, les précipitations tombent essentiellement sous forme de pluie, qui peut s’infiltrer dans les sols, puis dans les nappes phréatiques, ou ruisseler à la surface des sols sans végétation ou imperméables (comme les routes, etc.), ou ruisseler à la surface des sols et rapidement atteindre la rivière.

Si elle s’infiltre, la pluie peut ressortir du sol et alimenter la rivière en quelques jours à quelques semaines; elle peut aussi alimenter des nappes phréatiques (proches de la surface) ou souterraines après plusieurs mois, années ou dizaines d’années. Un cas spectaculaire concerne les montagnes calcaires formant le Jura. Ces roches sont très fracturées et en partie dissoutes (on nomme cela un karst), ce qui laisse facilement l’eau de pluie et issue de la fonte des neiges s’infiltrer dans le sous-sol. Cette eau ressort en plaine sous forme de sources, à l’origine des rivières du pied du Jura, comme par exemple la Venoge à l’Isle (VD), l’Aubonne près de Bière (VD) ou encore la Versoix à Divonne (F).

Finalement si la pluie tombe sur des surfaces imperméables (comme les routes, les toitures, les parkings), elle va rejoindre la rivière en quelques minutes à quelques heures et produire de forts débits très rapidement. On observe ces phénomènes dans les zones urbanisées, comme le Nant d’Avril dans le canton de Genève, qui a nécessité la mise en place d’un bassin de rétention (le lac des Vernes à Meyrin) pour retarder le transfert dans la rivière et réduire les risques d’inondation.

L’eau est un bien précieux qu’il faut conserver en évitant de la contaminer et de la gaspiller. Elle est, avec l’air que nous respirons, la seule substance indispensable à la vie qui ne peut pas être remplacée par autre chose.

Pour en savoir plus sur l’eau en Suisse: sciencesnaturelles.ch