Cher Augustin,

Dans l’histoire de la plupart des espèces d’animaux et de plantes, on constate, en particulier si elles sont peu mobiles et répandues sur de vastes territoires hétérogènes, que leurs populations locales tendent à s’adapter au climat et aux conditions de l’endroit où elles vivent. Les unes s’adaptent au chaud ou au froid, les autres à l’absence ou à la présence d’un aliment ou d’un prédateur dans leur milieu. Ainsi, les chances de survie et le territoire d’une espèce adaptable sont multipliés par sa diversification en races –on dit aussi "sous-espèces"–  plus ou moins distinctes. Quand celles-ci deviennent trop différentes, leur hybridation devient problématique parce que les hybrides ne sont adaptés à aucun des deux milieux parentaux. Les sous-espèces établissent souvent alors des barrières géographiques, génétiques ou comportementales à l’hybridation, et elles deviennent ainsi des espèces distinctes.

L’unique espèce humaine actuelle, Homo sapiens, est une espèce très jeune, bien que l’on ne puisse pas dater son apparition avec certitude. Son âge est certainement inférieur à 400’000 ans, alors que les espèces animales vivent habituellement entre 5 et 10 millions d’années. De plus, elle semble être restée confinée en Afrique tropicale ou tempérée chaude jusqu’à 100’000 ans avant nous. Ses populations ont donc eu trop peu de temps pour se différencier en races bien distinctes, tout en acquérant, pendant les migrations de la préhistoire récente, des différences statistiques de couleurs de peau et de cheveux, de formes et de dimensions du corps. Certaines de ces variations étaient des adaptations évidentes et bien comprises à leurs lieux de migrations, très ou peu ensoleillés, chauds ou froids, secs ou humides. Mais, depuis les inventions des différentes cultures et les grandes migrations modernes, les humains de toutes origines se mélangent et s’adaptent aux milieux par leurs vêtements, leurs logements et leurs habitudes, en modifiant leurs conditions de vie pour se créer partout des environnements favorables. Les adaptations biologiques qui ont pu être utiles à la survie dans les rudes conditions de la préhistoire ancienne ne servent plus à rien. N’importe qui peut bien vivre n’importe où, si la société lui en donne les moyens. L’espèce humaine a ainsi retrouvé, dans la diversité, son unité d’origine. Tant, du moins, que des conflits culturels ne viennent pas la briser. Mais c’est une autre histoire…