Les médias se font régulièrement l’écho de travaux scientifiques
publiés sur ce sujet. Les preuves d’une baisse sont toutefois
évasives, car elles sont régulièrement remises en question. Il y a
plusieurs raisons à cela:
1) on sait maintenant qu’il existe des
différences entre diverses régions de notre globe,
2) notre
environnement change continuellement et l’être humain n’est pas
exposé aux mêmes produits “toxiques” aujourd’hui qu’il l’était il y
a cinquante ou cent ans,
3) lorsqu’on essaie de vérifier la
stabilité, la baisse ou l’augmentation du nombre de spermatozoïdes,
on se heurte à des difficultés d’analyse liées à la population
étudiée, aux techniques de mesure, aux périodes à considérer,
etc...

Lorsqu’on considère l’évolution de l’être humain à l’échelle
de notre monde, force est de constater que le nombre d’individus
continue de grimper. Même s’il tend à se stabiliser, on s’approchera des 10 milliards en 2050. Parallèlement, l’Organisation
des Nations Unies montre que le taux de fécondité (nombre moyens d’enfants par femme en âge de procréer) baisse et est passé de 4.96 en
1950 à 2.47 de nos jours. En fait, l’augmentation des individus est
en grande partie due à l’augmentation de la durée de vie. Comme les
gens vivent plus longtemps de nos jours, la population mondiale
continue de croître en dépit du fait que les couples ont moins d’enfants. Mais alors vient la question, “A quoi est due la diminution
du taux de fécondité, faut-il s’en inquiéter?”. On rejoint ici ta
question, car le taux de fécondité est en partie associée au nombre
de spermatozoïdes. En partie seulement, parce que le spermatozoïde
n’est pas le seul acteur. Il y a le choix des couples, la santé
reproductive de l’épouse, les contraintes de la société, les
raisons économiques. Tous ces facteurs poussent les couples à
attendre quelques années avant de vouloir un enfant. Or, la
fertilité de la femme décroît rapidement après l’âge de 35 ans et
tend vers zéro après 40 ans. Il y a cent ans, un homme qui n’avait
pas beaucoup de spermatozoïdes disposait d’une période plus longue
pour éventuellement induire une grossesse. Aujourd'hui, tout doit
se faire plus rapidement. En cas de difficulté à concevoir, les
couples finissent par recourir à une aide médicale pour procréer.
Ce qui se faisait auparavant dans l’intimité du couple, devient
aujourd'hui l'objet de traitements, d’études, de problèmes de
société. Tout ceci pour t’expliquer, pourquoi les médias s'emparent
de ce sujet. Revenons à ta question. Y a-t-il aujourd'hui une
baisse du nombre de spermatozoïdes? La réponse de beaucoup de
biologistes serait “probablement oui”. Cette réponse se base sur
des observations et essais faits chez les animaux, qui démontrent
que certaines substances chimiques relâchées dans notre
environnement se comportent comme des pseudo-hormones et altèrent
le fonctionnement des hormones naturelles de l’organisme. Ceci peut
se produire tout au long de la vie de l’individu: durant la vie
embryonnaire, la petite enfance, l’adolescence ou la vie adulte.
Ces altérations ont des conséquences à court, moyen ou long terme
et se traduisent très souvent par une réduction du nombre de
spermatozoïdes. Ce qu'il faut retenir de tout ceci, c’est que la
vie dépend de la reproduction. La vie est également programmée pour
s’adapter. Toutefois, une reproduction diminuée à l’échelle d’un
pays peut avoir des conséquences à très long terme. Il est donc
important que les recherches dans ce domaine se poursuivent. Si l’espèce humaine n’est pas proche de l’extinction, de nombreuses
espèces animales disparaissent du fait de notre activité en ce
monde. Sans doute doit-on considérer que la baisse du nombre de
spermatozoïdes chez l’homme est un indicateur d’un phénomène plus
global qui touche toutes les espèces vivantes.