Jean-Baptiste Lamarck a montré, en 1800, que toutes les espèces vivantes, plantes et animaux, humains compris, descendent par transformations les unes des autres et ceci à partir des formes de vie les plus simples. Cette proposition, révolutionnaire à l’époque, a été confirmée, un demi-siècle plus tard par Charles Darwin et démontrée tant par l’étude de la biologie des organismes vivants et fossiles que par les recherches généalogiques les plus récentes sur les génomes et les patrimoines génétiques partagés des espèces vivantes. L’histoire de la vie est donc un gigantesque arbre généalogique, étalé sur plus de trois milliards d’années, partant des êtres les plus simples pour aller vers les plus compliqués actuels. Il regroupe les millions d’espèces actuelles et leurs espèces ancêtres fossiles, encore bien plus nombreuses.

La science actuelle réfute donc sans ambiguïté les dogmes fondamentalistes religieux prétendant que la vie ne date que de six mille ans, ou que les espèces ont été créées indépendamment les unes des autres, ou que les humains n’appartiennent pas au règne animal.

Les humains sont des primates d’origine africaine, qui partagent des ancêtres communs avec leurs cousins grands singes africains, gorilles, chimpanzés et bonobos. La séparation de ces ancêtres communs, décrite surtout par la génétique et par de rares fossiles (les os sont détruits par les sols forestiers de leur habitat d’origine) a eu lieu il y a entre 6 et 9 millions d’années. Ce que l’on sait de la séparation des espèces ayant des différences génétiques comme ces grands singes et nous implique qu’elle se soit produite dans de petites populations, mais certainement pas un seul couple! L’étude des génomes (des séquences de l’ADN) montre aussi que les ancêtres des humains, bonobos-chimpanzés et gorilles ont continué à s’hybrider de temps en temps, pendant longtemps après leur première séparation, avant de se séparer définitivement.

Nous avons donc de très lointains ancêtres, dont on peut reconstituer les génomes. C’étaient successivement des bactéries, dont sont descendus des unicellulaires, puis des métazoaires (multicellulaires), des vers, une série d’invertébrés mal connue, puis des poissons, amphibiens, reptiles et mammifères, dont nos ancêtres primates et leurs cousins australopithèques, puis des humains différents de nous et enfin nos derniers ancêtres, Homo sapiens comme nous depuis trois cent mille ans au moins.

On pourrait bien sûr s’amuser à appeler tous ces animaux ancêtres Adam ou Eve (au moins à partir des vers qui étaient sexués tandis que les unicellulaires ne le sont pas toujours). Mais il faudrait alors leur donner de très nombreux numéros pour les distinguer, dans un drôle de jardin d’Eden…