Le cœlacanthe, un étrange poisson qui vit le long de la côte est-africaine et en Indonésie, n’est pas directement notre ancêtre. Notre arrière-arrière-arrière-arrière… grand-mère ou grand père était effectivement un poisson, mais il est mort il y a très longtemps. Comme les espèces animales et végétales évoluent dans le temps, sans exception, tous les descendants de notre dernier ancêtre poisson se sont transformés. Ils ont maintenant une autre apparence.

Cependant, il est vrai que cœlacanthe présente certaines des caractéristiques de nos ancêtres poissons. Si on dissèque la nageoire d’un coelacanthe, on remarque qu’elle n’est pas fabriquée comme celle d’un poisson classique, une truite par exemple, mais plutôt comme une patte de vertébré terrestre, par exemple une grenouille: on trouve d’abord un os unique qui s’articule avec l’épaule, correspondant à un humérus, puis deux ossements correspondant au radius et au cubitus et, finalement, plusieurs ossements correspondant au poignet et à la main. Cette nageoire particulière, ajoutée à d’autres caractères non-détaillés ici, ressemble à celle de nos ancêtres qui étaient moitié-poisson moitié-amphibien et qui vivaient il y a 360 millions d’années. On a retrouvé des fossiles de ces animaux datant du Dévonien et nommés Tiktaalik, Acanthostega et Ichthyostega. Le cœlacanthe, quant à lui, a la forme générale d’un poisson. Mais, comme le montre la structure de sa nageoire, la branche de l’arbre évolutif sur laquelle il se trouve se détache de la base de la branche des vertébrés à quatre pattes (les tétrapodes, y compris les humains), un peu avant l’existence du Tiktaalik. Il n’appartient donc pas à la branche de l’arbre de l’évolution qui conduit aux autres poissons. D’un point de vue évolutif, il est plus proche de nous, les humains, qu’il ne l’est d’un mérou ou d’une morue. Mais il n’est pas pour autant notre ancêtre.

Aujourd’hui, le cœlacanthe est l’un des rares poissons qui a cette place dans l’arbre de la vie à côté des tétrapodes. Il est spécial et mérite une protection toute particulière. Malheureusement, il semble que la survie du cœlacanthe soit menacée par les activités humaines. Comment peut-on imaginer la disparition de cet unique descendant d’une branche séparée de la nôtre il y a plus de 400 millions d’années!

Pour en savoir plus: "Cœlacanthes: un poisson énigmatique" par Lionel Cavin, éditions le Cavalier bleu.