Merci de cette question, qui n’est pas si simple ! Dans un sens, on a l’impression que la colère est quelque chose qui vient de nous ; de l’autre, la colère semble être une réaction à quelque chose dans le monde. Alors, la colère vient-elle de nous ou nous arrive-t-elle sans que nous n’ayons rien demandé ? La réponse est qu’il faut un peu des deux. La colère arrive quand les personnes détectent quelque chose d’offensant autour d’elles. Le plus clair cas d’offense qui peut déclencher la colère, c’est l’injustice. Je vais te donner quelques exemples.

Parfois les personnes ne voient pas une injustice autour d’elles, alors elles ne s’énervent pas même si elles le pourraient. Par exemple, si tu ne vois pas qu’une camarade a pris ton stylo sans le demander, tu ne peux pas t’énerver à cause de ça, mais tu pourrais si tu avais su ce qu’elle a fait. D’autres fois les personnes ont l’impression qu’il y a une injustice là où il n’y a pas, alors elles s’énervent même s’il n’y a pas d’injustice (ni d’offense). Par exemple, si tu vois un stylo qui ressemble au tien dans la trousse de ta camarade et tu penses qu’elle l’a pris sans le demander, tu pourrais t’énerver, même si le stylo dans sa trousse n’était pas le tien. Dans ce cas, on pourrait dire que ton émotion de colère était inappropriée, parce qu’il n’y avait pas vraiment d’injustice dans la situation et ton impression d’offense venait d’une erreur.

Cette impression d’offense est accompagnée par une sensation corporelle, on sent le cœur qui bat fort et on sent beaucoup d’énergie dans le corps, des changements dans la voix et dans l’expression du visage et du corps, et une envie d’agir pour réparer l’injustice. Mais je ne t’apprends rien, en fait dans la plupart des cas les êtres humains savent assez bien comment reconnaitre une émotion, ce qui est difficile c’est de connaitre son origine. Par exemple, le psychologue Paul Ekman pense, comme Charles Darwin, que les émotions ont été sélectionnées par l’évolution. Comme les yeux ou les mains des humains ont été sélectionnés pour aider à leur survie, la colère aurait permis aux humains de mieux survivre. Si quelqu’un se laissait marcher tout le temps sur les pieds, sans se mettre en colère, ce ne serait pas optimal pour sa survie. C’est une chose que les philosophes ont aussi constatée, comme Aristote qui pense que la colère appropriée – lorsqu’il y a vraiment une offense ou une injustice – est une vertu. Pour lui, une bonne personne est une personne qui réagit avec colère à ce qui est offensant ou injuste.