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Les lames en silex de Champréveyres et Monruz

Le silex, un sujet d’étude extrêmement instructif. [Laténium]
Le silex, un sujet d’étude extrêmement instructif. - [Laténium]
Il y a 15'000 ans, à la fin de la dernière glaciation, des chasseurs de chevaux établissent leurs campements sur les rives du lac de Neuchâtel. En quittant les lieux, ils laissent derrière eux foyers, nappes d’ocre, déchets de taille du silex et restes osseux. Autant de vestiges qui constituent aujourd’hui une source riche en informations sur le quotidien de ces groupes nomades.

Les deux lames de silex provenant des campements magdaléniens voisins de Neuchâtel-Monruz et Hauterive-Champréveyres, distants d’un kilomètre l’un de l’autre, ont été débitées à partir d’un même nucléus ou bloc de silex. On a pu déterminer que la plus longue d'entre elles servait à découper la chair animale. Leur différence de couleur s’explique par la nature du sédiment dans lequel elles ont été retrouvées: la lame jaune beige de Monruz reposait dans un sédiment graveleux tandis que celle de Champréveyres, gris foncé, reposait dans une couche tourbeuse. Ces pièces de dimensions exceptionnelles (9,2 cm de long pour la plus grande) ont été réalisées en silex de la région d’Olten, un matériau de bonne qualité prisé par les Paléolithiques.

Pour les périodes préhistoriques, le silex constitue un sujet d’étude extrêmement instructif. Le matériel lithique permet de localiser les aires de taille sur un site et de s’interroger sur la compétence des tailleurs, le choix et la circulation des matières premières, les contacts entre groupes. Le remontage effectué entre les lames de Monruz et Champréveyres indique-t-il que les deux campements ont été occupés par le même groupe humain? Grâce à l’étude de ces deux artefacts, il est possible d’approcher au plus près la vie quotidienne de ces chasseurs-cueilleurs, de retracer leurs activités et leurs déplacements.

Cloé Lehmann, étudiante à l’université de Neuchâtel, guide-animatrice au Laténium                                                                            

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Magdalénien

Le Magdalénien (17'000 - 10'000 ans av. J.-C.) correspond à la dernière phase du Paléolithique supérieur en Europe et à la fin de la dernière grande glaciation. Dans nos régions, le glacier se retire pour laisser place à un paysage de steppes, de grandes étendues parsemées d’une végétation rase et d’arbustes nains. Le climat est encore relativement froid mais déjà des hommes s’installent sur le Plateau suisse.

En parallèle aux activités de chasse attestées par les grandes quantités d’ossements de chevaux retrouvés sur les sites d’Hauterive-Champréveyres et de Neuchâtel-Monruz, les magdaléniens consacrent une grande partie de leur temps à la taille du silex, à la confection d’outils et de parures, au travail de boucherie et au traitement des peaux.

Remontage

Le remontage pourrait être comparé à un puzzle en trois dimensions: il consiste à repositionner les éclats et lames sur le bloc de silex dont ils ont été détachés. Il permet de reconstituer les étapes du travail de taille depuis l’acquisition de la matière première jusqu’à la réalisation de l’outil. Ainsi, on peut suivre le raisonnement du tailleur, déterminer s’il était expérimenté ou malhabile, s’il a rencontré d’éventuelles difficultés techniques. Le remontage permet également d’établir la contemporanéité de pièces détachées d’un même bloc, comme dans le cas des lames de Champréveyres et de Monruz.