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Le mausolée de Wavre

Le mausolée de Wavre
Le mausolée de Wavre
Des pierres parlantes ? Voilà la question qui sera à l'honneur le 21 février 2010 au Laténium. Le musée vous invite en effet à découvrir la démarche scientifique qui a permis d'éclairer la lecture des vestiges d'un mausolée gallo-romain repéré en 1898 dans le canton de Neuchâtel, au lieu-dit Les Biolles de Wavre.

Fouillé à plusieurs reprises, le site des Biolles a notamment livré un ensemble de fragments de blocs d'architecture et de sculptures provenant d'un imposant mausolée. Or, malgré le caractère extraordinaire de la découverte, ils sont longtemps demeurés, épars, dans les dépôts de l'ancien Musée archéologique de Neuchâtel.

C'est en 1976 seulement que l'archéologue Philippe Bridel a réussi à identifier les divers éléments provenant du site et à proposer une première restitution de l'aspect général du mausolée. Et c'est son hypothèse la plus récente, publiée en 2003, qui a été adoptée dans l'exposition permanente du Laténium, le nouveau musée inauguré en 2001.

Observation minutieuse, étude d'archives, recherche de comparaisons: voilà la recette appliquée par le scientifique à un édicule dont seuls le plan, une datation approximative (2e siècle ap. J.-C.) et la fonction avaient pu être déterminés. Ainsi, même lorsque ne subsistent que des fondations et quelques pierres, l'archéologie est à même de trouver des solutions... Et le résultat s'avère tout à fait exceptionnel !

Figurons-nous un monument funéraire prestigieux, inscrivant au sol un carré de près de quatre mètres de côté et constitué de blocs de plusieurs types de pierres différents, qui accusent la présence de colonnes de plusieurs ordres et d'un fronton finement décoré. Entouré d'un mur, le monument s'élevait bien haut, ce qui le rendait visible de la voie qui devait jouxter l'enclos funéraire et la villa attenante, révélée par la prospection aérienne. Qui plus est, les quelques vestiges de statuaire trouvés sur le site constituent de rares exemples de sculptures sur pierre d'époque romaine en pays neuchâtelois.

Maximilien Galbarini, archéologue et guide-animateur au Laténium

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Mausolée
Mausole meurt en 353 av. J.-C. Il est satrape de Carie, c'est-à-dire gouverneur de province chez les anciens Perses (la Carie se trouve en Turquie actuelle). Son épouse Artémise II fait ériger pour lui un tombeau d'exception dans leur capitale, Halicarnasse. Les artistes grecs les plus renommés de l'époque sont de l'aventure. Ce premier « mausolée » (nom donné dès lors à ce type de monuments) sera promis à un brillant avenir parmi les élites. Il constituera en effet le modèle plus ou moins éloigné - mais sans doute jamais égalé ou dépassé dans la conscience collective - de bien des monuments funéraires de l'Antiquité.

Les Biolles de Wavre
Les Biolles sont un lieu-dit proche de l'extrémité Nord-Est du lac de Neuchâtel, à mi-chemin entre les villages de Wavre et de Marin. Au moment de la découverte des premiers vestiges du mausolée, la région est déjà fort connue dans le monde de l'archéologie : elle abrite, près des Biolles, le fameux site celtique de La Tène.

Une comparaison éclairante
La découverte, en 1989, de deux monuments funéraires imposants à En Chaplix, non loin de l'antique Aventicum (Avenches), incite le chercheur Philippe Bridel à reprendre l'étude du mausolée de Wavre. En effet, chacun de ces édicules, construits le long de la route quittant Avenches par le Nord-Est, se dressait dans un enclos funéraire et était orné de statues. Ils présentent surtout un exemple de décor en S très précoce (deuxième quart du 1er siècle ap. J.-C.), que nous retrouvons sur le mausolée de Wavre.