Svindal et Richard s'imposent ex aequo, les Suisses en retrait

La station bernoise d'Adelboden se mettrait-elle à l'heure tricolore? Après la victoire de Julien Lizeroux en slalom l'an dernier, les Français ont à nouveau fait fort sur le Chuonisbärgli, avec la victoire en géant samedi de Cyprien Richard et la 3e place de son compatriote Thomas Fanara.

Manque de chance pour le skieur de Morzine-Avoriaz, il doit partager la 1ère victoire de sa carrière en Coupe du monde - 4e podium - avec Aksel Lund Svindal, remonté de la 6e place à la 1ère.

Richard a lui aussi réussi une folle remontée, lui qui n'était que 21e après le 1er tracé, à 1"46 de Ted Ligety, l'Américain qui visait une 4e victoire d'affilée dans la discipline. "C'est un succès un peu inattendu", relève le Français, décoré pour la 1ère fois à près de 32 ans. "J'étais un peu déçu après la 1ère manche, après avoir commis une grosse faute. Mais en même temps je savais que je n'étais pas si loin au niveau du chronomètre..."

"Là, je m'élançais en tant que challenger"

Car voilà, la température était plus que positive sur l'Oberland, et s'élancer dans les 1ers en 2e manche était assurément un avantage. "Je me suis souvenu qu'ici tout est possible, même avec un certain retard", continue Richard. "Comparé à Alta Badia, où j'avais les clés en m'élançant en dernière position (réd: il avait fini 2e derrière Ligety et devant... Fanara), là je partais en tant que challenger". Le Français a donc lâché les chevaux et n'avait alors plus qu'à attendre. "J'ai alors vu que ça s'entassait derrière...".

Le soleil aidant, Cyprien Richard n'allait en effet plus bouger de son trône de leader. Puis vint le tour de Svindal, 6e de la 1ère manche... "Quand il a passé la ligne, j'ai vu que son nom s'était inscrit en vert, je me suis donc dit m...", raconte Richard, le sourire en forme de grande banane. "Quelqu'un m'a alors dit: "mais non, vous êtes à égalité!'"

"Svindal, ce n'est pas n'importe qui!"

Et Richard était plutôt fier de partager sa couronne avec le Norvégien, en tête du classement général. "Ce n'est pas n'importe qui. Lui, il joue le général, un truc inaccessible pour moi!. En fait, j'étais surtout content qu'il ne soit pas un centième devant moi!".

Cyprien Richard sur la plus haute marche du géant d'Adelboden - "une consécration pour un géantiste pur, un rêve de gosse" -, c'est aussi une belle revanche sur la vie, lui qui a été victime de terribles blessures aux genoux alors qu'il arpentait le circuit de la Coupe d'Europe. "Quand tu es blessé à ce niveau, tu es dans l'anonymat le plus complet. Tu te bats tout seul pour revenir, il faut être motivé, aimer ce que tu fais. Et si je suis là aujourd'hui, c'est parce que j'aime vraiment ce que je fais!".

"Le Globe, c'est un bout de cristal qui me fait rêver"

Aujourd'hui, Richard, dont le 1er départ en Coupe du monde remonte au 17 décembre 2000 (!), croque sa nouvelle vie à pleines dents. "J'ai 32 ans et je ne dispute que ma 4e saison Coupe du monde...". Et la suite, il compte bien en profiter... pour gagner! "Je ne me suis pas entraîné pour finir 2e. Je commence à jouer dans la cour de ceux qui gagnent,...".

Le Haut-Savoyard, 3e au classement de la spécialité après 4 courses, ne s'en cache pas, il vise le Globe du géant. "J'en ai maintenant gagné une, je veux en gagner 2, etc. Je n'ai jamais réussi d'exploit. Moi, j'avance pas à pas". Ceux qui le conduisent vers la consécration suprême, celle de la régularité. "Le Globe, c'est un bout de cristal qui me fait rêver". A juste titre, pourrait-on dire...

Ce que les autres ont dit...

AKSEL LUND SVINDAL (1er ex-aequo, 1er vainqueur norvégien sur le Chuonisbärgli depuis Aamodt en 1997): Le géant semble bien être ma meilleure discipline cette saison. Aujourd'hui, il y a tellement de bons skieurs dans chaque discipline que tu ne peux plus gagner un jour où tu ne skies pas bien et où tu commets des fautes. J'étais un peu surpris de ma performance car j'étais malade et au lit ces 2 derniers jours et je ne pensais pas prendre le départ. Le Lauberhorn, le week-end prochain? Moi je suis bon quand ça tourne beaucoup, pas quand c'est tout droit. Le Lauberhorn, c'est de longs bouts droits et de gros virages. Mais je crois que je peux bien le skier.

MARC BERTHOD (7e et meilleur Suisse, et qualifié pour les Mondiaux): Je suis très satisfait car ça faisait bien longtemps que je n'étais plus entré dans un top-10 (réd: février 2009, Kranjska Gora). Là, je me suis rapproché des meilleurs et ça confirme que j'en suis toujours capable. Quand tu cours après la qualification pour les Championnats du monde, c'est quelque chose qui te travaille passablement dans un coin de ta tête. Maintenant que je l'ai, ça va me libérer un peu plus, et peut-être que je pourrai me montrer plus rapide sur la piste.

DIDIER CUCHE (11e): Ce public (réd: 29'000 spectateurs, nouveau record), on a envie de l'enflammer en passant la ligne d'arrivée, mais voilà... Il suffisait de peu, les écarts sont minimes. J'ai perdu un peu de temps en 1ère manche, car j'ai senti que j'en avais encore sous le pied. J'ai beaucoup plus attaqué en 2e manche. C'est dommage quand on pense qu'il manque 0"26 pour un podium et moins d'une demi-seconde pour la victoire en étant 11e! J'aurais bien voulu mettre le feu à la tribune... Il manque un peu de confiance. En début de saison, j'ai beaucoup cherché au niveau des différents modèles de ski. Là, je m'y suis retrouvé et il faut que je me concentre sur la suite.

CARLO JANKA (2e après la 1ère manche, mais 13e final):

Je n'ai pas réussi à emmener mon élan dans le mur final et ai perdu beaucoup de temps. Je suis tout de même satisfait, et je retiendrai les 20 premières secondes de ma 2e manche.

DANIEL ALBRECHT (29e pour sa 1ère course en Suisse depuis son accident, à près de 5" de Richard): J'ai un bon sentiment car il y a eu beaucoup de points positifs sur lesquels je vais pouvoir travailler. Je n'étais pas déçu après ma 1ère manche car je savais que j'avais trop freiné. Et je me suis quand même qualifié! J'ai attaqué beaucoup plus en 2e manche, ce qui a bien marché jusqu'à ma grosse faute.

Adelboden, Daniel Burkhalter