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Ce champion olympique dont on parle peu

Champion olympique, mais relativement méconnu Sandro Viletta. [Jean-Christophe Bott]
Champion olympique, mais relativement méconnu Sandro Viletta. - [Jean-Christophe Bott]
Vendredi, c'est jour de super-combiné à Wengen (10h30/14h00 sur RTS Deux/RTSsport.ch). Désormais souvent délaissée par les meilleurs skieurs, la discipine n'est désormais organisée plus qu'au Lauberhorn, et dans une semaine à Kitzbühel. Champion olympique à Sotchi, le Grison Sandro Viletta se réjouit d'étrenner enfin son titre et de sortir quelque peu de l'anonymat.

Ce 14 février 2014, Sandro Viletta n'est pas près de l'oublier. Ce jour-là, à Sotchi, le Grison a déclaré sa flamme au super-combiné, décrochant à la barbe des gros favoris la plus belle, la plus convoitée. L'or olympique, tout simplement.

"Bien sûr que pour le public, ce podium constituait une surprise. Mais pas pour moi!", confie celui qui a grandi à La Punt - d'où son surnom de "Punto". "Comme j'avais fini 4e à Wengen et 7e à Kitzbuehel, je m'élançais dans le groupe des favoris. Je savais qu'en cas de journée parfaite, c'était possible. Et tout a parfaitement fonctionné ce jour-là!".

Onzième de la descente matinale, Viletta réussira quelques heures plus tard un slalom de feu pour s'offrir l'impensable, l'inimaginable: le titre suprême.

Le premier super-combiné depuis Sotchi

Près d'un an plus tard, Viletta n'a que peu changé, même s'il concède qu'il y a eu davantage de rendez-vous avec les sponsors durant l'été. Le jeune homme de 29 ans est toujours aussi discret, réservé. Pour les médias, romands surtout, et malgré son titre olympique, il reste dans l'ombre des Défago, Janka, Feuz voire Küng.

14 février 2014, Viletta devient champion olympique de super-combiné. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]
14 février 2014, Viletta devient champion olympique de super-combiné. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]

Lui se réjouit particulièrement des épreuves de Wengen, puis de celles de Kitzbühel, le week-end d'après. Il va en effet enfin pouvoir s'aligner dans sa discipline, celle qui l'a consacré seigneur des anneaux il y a 12 mois.

Car très prisé jadis, le super-combiné vit désormais des heures difficiles. Seules les 2 stations suisse et autrichienne en organisent encore un. Et pour l'heure, elle reste encore au programme des Mondiaux et des JO... Et on sait que le CIO aime parfois apporter du changement à son calendrier olympique. Que se passera-t-il le jour où il décidera qu'avec seules deux épreuves au calendrier de la Coupe du monde, il ne mérite plus sa place aux JO? On n'en est pas encore là, bien sûr.

"Il n'en reste que deux, mais ce sont les plus beaux, dans des stations mythiques", relève Viletta. "Une demi-saison est désormais écoulée et je peux enfin m'aligner dans une discipline que j'apprécie, c'est le plus important".

"Punto" est bien conscient qu'on ne parle pas beaucoup de lui, mais il s'en fiche. "Pour moi, ces super-combinés de Wengen et "Kitz" sont les points culminants de la saison, avec les Mondiaux de Vail/Beaver Creek".

Entre 5 et 7 jours de slalom seulement

Mais Viletta est bien conscient aussi que son titre olympique suscite certaines attentes, à domicile qui plus est. "Mon objectif, c'est un podium en super-combiné ici au Lauberhorn". Ce qui serait d'ailleurs une première car, à l'exception de son podium doré de Sotchi, jamais le Grison n'est monté sur "la boîte" dans la discipline!

Si aujourd'hui il consacre la majeure partie de ses entraînements à la vitesse, Sandro Viletta s'offre tout de même une journée de slalom par-ci, par-là. Mais avec modération. "Au total, je dois en avoir entre 5 et 7 cette saison", dit-il. "Quand tu sais que tu as une chance, tu y consacres volontiers du temps", confie cet ex-slalomeur (16 de ses 20 premières CDM dans la discipline).

"Punto" rêve de s'imposer une nouvelle fois à Beaver Creek, mais aux Mondiaux cette fois. [KEYSTONE - Alessandro Travati]
"Punto" rêve de s'imposer une nouvelle fois à Beaver Creek, mais aux Mondiaux cette fois. [KEYSTONE - Alessandro Travati]

Médaillé de bronze des Mondiaux juniors 2006 entre les piquets, Viletta sait qu'il n'a aujourd'hui pas ou plus le niveau pour inquiéter les meilleurs slalomeurs, d'autant que son dernier "vrai" slalom en Coupe du monde remonte déjà à un bail (Kitzbühel 2010, sorti en 1ère manche).

Mais avec la disparition de presque tous les super-combinés, le plateau des prétendants a fondu comme neige au soleil. "Je dirais qu'il n'y a plus que 10-15 athlètes qui s'y consacrent vraiment", estime le skieur grison qui, même s'il a conscience de profiter de la situation, souhaiterait davantage de super-combinés au programme.

"Avec une bonne forme, un matériel qui fonctionne bien, tout est donc possible. Mais contrairement à la descente ou le super-G, où on sait très vite si on est rapide ou pas, il y a davantage de paramètres en super-combiné. Il y a quand même deux pistes différentes, deux disciplines différentes. Et pour un non-spécialiste de slalom, tout dépend bien sûr de la marge prise en descente...".

Wengen, Daniel Burkhalter - Twitter @DaniBurkhalter

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"Beaver Creek, ma piste fétiche"

Si le super-combiné sera un objectif prioritaire aux Mondiaux dans 3 semaines, Sandro Viletta n'en oublie pas pour autant le super-G. Car c'est sur cette piste de Beaver Creek - conçue par Bernhard Russi avant les Mondiaux 1999 - et dans cette discipline qu'il a fêté sa seule victoire sur le Circuit, en décembre 2011.

"C'est ma piste fétiche", avait-il d'ailleurs déclaré au supplément sport de "L'Illustré. "J'y apprécie le moindre mètre. C'est une piste de rêve ou même un dossard très élevé ne t'enlève pas toute chance de bien figurer".

Et même s'il souffre à nouveau du dos depuis Val Gardena - il avait mis un terme à sa "carrière" en slalom à cause d'un dos douloureux -, Viletta estime pouvoir viser gros au Colorado! Et pourquoi pas se parer une nouvelle fois d'or...

"Je vois un avenir au super-combiné"

THOMAS STAUFFER (chef alpin des skieurs helvétiques): Il est évidemment dommage qu'il n'y ait plus que 2 super-combinés au calendrier, mais je vois tout de même un avenir à la discipline. Et comme elle est au programme, on s'y consacre à fond, surtout qu'il y aura là aussi des médailles à aller chercher aux Championnats du monde.

Le problème, avec 2 seules épreuves au calendrier, ce sont les sélections pour les Mondiaux. Il suffit que l'une des 2 épreuve soit annulée, et notre choix devient encore plus compliqué.