Un spectacle étrange s'est produit au-dessus de Servion (VD) dimanche-passé. Une palette de couleurs, similaire à celles de l’arc-en-ciel apparait dans un nuage. Il s’agit d’un parhélie, également appelé « faux soleil », « soleil double », « œil de bouc » ou « chiens du soleil ".
Le parhélie apparaît généralement lorsque le soleil est assez bas dans le ciel. Il faut également que l’atmosphère soit chargée en cristaux de glace. Ces cristaux, peuvent provenir du sommet des brouillards ou – comme dans le cas d’espèce – des cirrus qui circulent à haute altitude. Contrairement à ce qui se passe avec un arc-en-ciel, le phénomène se produit lorsque le soleil est face à l’observateur. Il peut parfois donner l’impression de voir des répliques de soleils de part et d’autre du (vrai) soleil.
Les cristaux se constituent dans les nuages suivant une symétrie hexagonale, en prenant la forme d'un prisme allongé, ou bien d'un hexagone ou d'une étoile à six branches aplatis. Durant leur chute, ces particules peuvent s'orienter spontanément dans le même sens et forment un réseau de prismes qui reflète et réfracte la lumière solaire, faisant apparaître un parhélie.
L'ordre des couleurs est celui du spectre de la lumière, comme celui que l’on peut observer dans les arcs-en-ciel. Le rouge est ainsi orienté vers le soleil, les autres couleurs étant assez diffuses et parfois suivies d'une queue de lumière blanche. Cette dernière peut être si brillante qu'elle donne justement l'impression de répliques du Soleil. Il arrive fréquemment qu'une seule de ces dernières soit visible.
Le même phénomène a été observé au-dessus de Morgins (VS). A l’instar de ce qui s’est passé à Servion, il se forme dans des cirrus, en altitude. Un autre événement, accompagné d'un halo et de répliques de soleil, s'est également produit à Champoussin (VS) le 2 janvier 2019 (voir ci-dessous).
La durée d’un parhélie varie de quelques secondes à plusieurs dizaines de minutes. Il se manifeste surtout dans les régions polaires. Les premières descriptions remontent à 300 av J-C. On les doit au philosophe Théphraste dans son ouvrage « les signes du temps ». Cicéron en parle également dans son fameux « De Natura Deorum ».
Philippe Jeanneret