Pour le Rhône, tout commence à plus de 2000 mètres d'altitude. Son glacier, perché dans les Alpes à l'extrémité nord-est du canton du Valais, est une attraction touristique. En ce mois d'août, les visiteurs se pressent pour visiter la célèbre galerie creusée chaque année dans la glace.
Toutefois, cela pourrait être la dernière fois qu'ils peuvent l'admirer. Après 150 ans d'exploitation par sa famille, le gérant des lieux Philipp Carlen a laissé entendre qu'il allait abandonner le tunnel, alors que le géant de glace fond à vue d'oeil sous l'effet du dérèglement climatique.
Il y a près de quarante ans, le glaciologue Amédée Zryd a participé au creusement des galeries. Aujourd'hui, le décor a bien changé. "Peut-être qu’il va subsister un peu de glace l'année prochaine. Cela dépendra de l'automne, mais probablement qu'il ne va plus rester grand-chose de cette grotte", déclare-t-il dans le 19h30. Selon lui, la fonte de la glace s'est accélérée ces dix dernières années.
Amédée Zryd, ingénieur physicien et glaciologue. [Au fil du Rhône - RTS]
Pour faire face au réchauffement climatique, les exploitants ont installé des grandes bâches afin de couvrir l'avant du glacier et ralentir au maximum sa fonte. Malgré tout, un lac glaciaire s'agrandit année après année. Le paysage évolue inexorablement: des changements qui ont des conséquences plus loin dans le Rhône.
"Dans vingt ou trente ans, la conséquence principale sera d’avoir des débits d’eau plus faibles en été, avec des impacts sur l’irrigation. Il va aussi falloir arbitrer l'utilisation de l’eau entre les différents besoins et apprendre à stocker l’eau et à l'économiser", prévient Amédée Zryd.
Le dérèglement climatique est inévitable, mais ce glaciologue préfère envisager l’avenir avec le verre à moitié plein. "Je crois qu’on est assez bien armés pour aller de l’avant. Je ne dirais pas de profiter de ces changements, mais de faire face, avec eux, de manière positive."
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