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Les mots de Nathalie Sarraute résonnent au parc Trembley de Genève

L'affiche des spectacles "Pour un oui ou pour un non" et "Elle est là" à la Scène Vagabonde. Valentin Rossier avec la New Helvetic Shakespeare Company. [New Helvetic Shakespeare Company/Scène Vagabonde]
Les mots de Nathalie Sarraute résonnent au parc Trembley à Genève / Vertigo / 6 min. / le 9 mai 2022
Les pièces "Pour un oui ou pour un non" et "Elle est là", à voir jusqu’au 21 mai au parc Trembley de Genève dans le cadre du Scène vagabonde festival, sont de la romancière et dramaturge Nathalie Sarraute. Une langue qui claque dans un lieu fraîchement installé.

La troisième édition printanière du Scène vagabonde festival s’ouvre avec les mots de l'écrivaine française d'origine russe Nathalie Sarraute (1900-1999). Une initiative réjouissante!

Dans les deux pièces présentées, le seul rôle féminin est interprété par l’actrice au regard bleu acéré, Barbara Tobola. Une comédienne dont la présence et la droiture nous rendent attentifs à la langue si particulière de Nathalie Sarraute. Dans "Pour un oui ou pour une non", une pièce écrite en 1982, deux amis (Valentin Rossier et Mauro Bellucci) sont fâchés pour une raison jamais explicitée sur scène. Dans "Elle est là", texte écrit en 1978, un homme, joué par Valentin Rossier, est furieux contre son associée parce qu’elle a une idée qu’il ne partage pas.

L’idée au cœur de ces conflits n’est jamais nommée, le public doit imaginer et créer sa propre interprétation, comme les comédiens d’ailleurs.

Pour Barbara Tobola il était essentiel de ne pas juger le personnage et y définir une chose précise. "Je ne sais pas quelle est cette 'Idée', je ne peux pas la nommer, explique-t-elle à la RTS. Sarraute n’enferme pas d’idée, ça force le spectateur à faire tout le travail…"

Une langue drôle, quotidienne et profonde

Le malentendu verbal, les non-dits, l’anodin et l’obsession sont les thématiques principales de l’écriture théâtrale de Nathalie Sarraute et cela crée un effet comique immédiat. L’actrice le confirme: "On a beaucoup ri en répétition. Parce que dans les dialogues il y a des choses anecdotiques et en même temps énormes." L’humour n’étant jamais loin du drame, l’amitié de deux amis qui se déchire nous fait rire, d’un rire jaune.

L’interprète précise que "dans un entretien, Nathalie Sarraute raconte qu’elle avait besoin de travailler dehors, jamais chez elle. Elle sortait, allait dans un PMU pour entendre du bruit, des langues différentes…" De l’inspiration trouvée en dehors de son chez-soi en somme.

Ça tombe bien, le spectacle présenté à Genève dans une mise en scène de Valentin Rossier est offert dans un presque extérieur: un chapiteau blanc en bâche installé au cœur du parc Trembley. Un dôme énorme où l’on entend du Sarraute, mais aussi les notes métalliques du rappeur Damso provenant du téléphone portable d’un promeneur du quartier. On a froid comme dans un parc le soir et on sent l’odeur des barbecues comme au printemps.

Layla Shlonsky/aq

"Scène vagabonde festival", Par du Trembley, Genève, jusqu'au 3 juillet 2022.

Les deux pièces "Pour un oui ou pour un non" et "Elle est là" de Nathalie Sarraute sont à voir dans le cadre de ce festival jusqu'au 21 mai 2022.

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