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"Fiasco" sur Netflix, récit d'un tournage cauchemardesque porté par un beau casting

L'affiche de la série de Netflix "Fiasco". [Netflix]
Par ici les Séries: Tournage cauchemardesque et cancer du côlon / Vertigo / 5 min. / le 30 avril 2024
Sur le tournage de son premier long métrage, un jeune réalisateur vit un rêve éveillé. Mais dès le premier jour, les ennuis s'accumulent et tout dérape. Emmené par Pierre Niney en cinéaste débutant dépassé et un très bon casting, "Fiasco" est à découvrir sur Netflix depuis le 30 avril.

Pour le dire vite, "Fiasco" est loin de briller par son originalité. Sur la forme, la série reprend la grammaire de "The Office", avec ses zooms et recadrages en rafale. Elle s'appuie aussi sur les codes du faux documentaire avec entretiens face caméra des protagonistes pour raconter leur version du chaos entre deux scènes de vie sur le plateau de tournage.

Quelques idées exploitées ailleurs, comme le coup du faux producteur blindé qui vient à la rescousse façon "Making of" de Cédric Kahn ou la fille qui sent si fort de la bouche déjà vue dans "Protéger et servir" de Clovis Cornillac, renforcent cet arrière-goût d'écriture flemmarde.

Un doux rêveur timide

Pierre Niney incarne un cinéaste, Raphaël Valande, qui n'a rien à voir avec Marc, le névrosé aussi insupportable qu'irrésistible du film de Michel Gondry "Le livre des solutions". Moins autocentré, c'est un doux rêveur, naïf et timide, qui réalise son rêve de toujours en dirigeant son premier long métrage.

Cette ambitieuse fresque doit rendre hommage à sa grand-mère (Marie-Christine Barrault), qui s'est a priori illustrée par son courage durant la Seconde Guerre mondiale. Mais dès le premier jour, l'affaire s'engage très mal.

Le plateau est pris en otage par l'acteur vedette (Vincent Cassel), qui impose ses vues. Amoureux secret de la comédienne principale (Leslie Medina), le cinéaste multiplie les bourdes, de quoi interloquer son assistante (Géraldine Nakache) et toute l'équipe technique.

Pierre Niney dans la série "Fiasco". [Netflix - Thibault Grabherr]
Pierre Niney dans la série "Fiasco". [Netflix - Thibault Grabherr]

Les ennuis s'accumulent

Alors que le producteur (Pascal Demolon) l'invite à prononcer le traditionnel discours de début de tournage, la banale intervention se mue en une logorrhée sexiste gênante. Un corbeau filme la séquence et menace de la publier sur le net, à moins qu'une rançon lui soit versée. Coupez! Eh bien non. Un bad buzz plus loin, les ennuis continuent de s'accumuler.

Sur la base d'un scénario qui joue la surenchère dans la galère, quitte à taquiner l'improbable, "Fiasco" offre son lot de situations toujours plus incongrues et loufoques portées par des personnages tendance bobet. Entre deux temps mous où les dialogues et l'action patinent, de belles trouvailles fort drôles jalonnent néanmoins les sept épisodes de trente-cinq minutes, comme cette boîte de cassoulet imposée par un sponsor en guise de placement de produit sur une scène de camp de concentration. En resserrant un peu, la série aurait largement gagné en dynamique et efficacité.

Des comédiens complices

L'intérêt de "Fiasco" repose sans contestation sur son casting, une bande de potes qui s'est offert une chouette récréation. Ils et elles prennent un plaisir dingue à jouer, et cela se ressent. Dans cette troupe émerge une nouvelle venue, Juliette Gasquet, la stagiaire à la moue boudeuse.

Nonchalante, elle se démène pour aider comme elle peut sur ce plateau cauchemardesque. Rien que sa présence, ainsi que l'excellent numéro d'acteur de François Civil, l'ami gênant imprévisible à double personnalité, suffisent à convaincre de regarder la série jusqu'au dénouement.

Philippe Congiusti/mh

"Fiasco" d'Igor Gotesman, avec Pierre Niney, Géraldine Nakache, Pascal Demolon, Vincent Cassel, Leslie Medina. Sept épisodes de trente-cinq minutes à voir sur Netflix depuis le 30 avril 2024.

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