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Gaye Su Akyol, une dragonne d'Anatolie au Cully Jazz Festival

La chanteuse turque Gaye Su Akyol. [gayesuakyol.com]
Gaye Su Akyol, une dragonne dʹAnatolie au Cully Jazz Festival / L'Echo des Pavanes / 11 min. / le 22 avril 2023
Invitée du Cully Jazz Festival ce samedi, l'excellente et énergique chanteuse turque Gaye Su Akyol va présenter sur scène "Anadolu Ejderi", son quatrième album aux parfums rock, pop, orientaux et cabarets.

"Anadolu Ejderi". Traduit du turc, ça donne "Dragon d'Anatolie", titre du quatrième et nouvel album de la chanteuse Gaye Su Akyol (prononcez Gaillé). Si vous souhaitez avoir des nouvelles sur les dernières vibrations du côté d'Istanbul, ce disque est l'ambassadeur idéal: pop psychédélique, sons électro, rock oriental, cabaret arabesque ou folk des grandes plaines, il y a de tout et du très bon dans cet "Anadolu Ejderi".

Du dragon, la chanteuse Gaye Su Akyol possède le feu intérieur et un goût pour les musiques sinueuses et chaloupées. Quant à l'Anatolie, on la retrouve dans ses origines familiales du côté de l'antique cité de Trébizonde. Dans son pays, Gaye Su Akyol bouscule volontiers les codes et titille le conservatisme moral du gouvernement actuel. Jetez un coup d'œil sur le clip qui accompagne la chanson "Sen Benim Mağaramsın" et vous comprendrez vitre que cet enregistrement ne doit pas résonner souvent dans la chaîne stéréo de l'actuel Premier ministre turc.

Avec ses synthés, guitares électriques autres instruments plus traditionnels (du baglama au davul, des cordes aux percussions), Gaye Su Akyol s'inspire notamment de tout un pan de la musique de son pays qui a connu une sorte d'âge d'or de la pop dans les années 1970, période politique pourtant très tourmentée. Il s'inventait alors un style de musique en phase avec l'inauguration du Pont du Bosphore en 1973: un pilier en Europe, un pilier en Orient.

Ce répertoire sublime, on le trouve aujourd'hui réédité (en vrac, Mogollar, Baris Manço, Erkin Koray, Arif Sag, Selda) ou rejoué à l'identique ou presque (chez les turcos-hollandais de Altin Gün, ou dans une mesure plus inspirée chez Derya Yildirim et son groupe franco-allemand Simsek).

Le pouls d'Istanbul

Et Gaye Su Akyol alors? Elle est d'autant plus en phase avec le pouls d'Istanbul qu'elle y vit. Le côté vintage cède vite la place à un rock très inspiré, si original et anatolien qu'il parvient à trouver sa place aussi bien dans un rendez-vous jazz comme Cully ou enflammer les scènes des grands festivals estivaux. Gaye Su Akyol prouve que l'on peut gagner une renommée internationale tout en magnifiant ses racines culturelles et sa langue d'origine.

On note aussi la présence sur cet album d'un redoutable groupe électro-rock stambouliote nommé Lalalar. Et comme on parlait à l'instant d'un pont, signalons enfin l'existence d'une liaison directe entre la Turquie et la Suisse, certains des noms précités (Lalalar, Altin Gün, Derya Yildirim) ayant trouvé un accueil discographique à l'Ouest sous la bannière du label genevois Bongo Joe. Les flammes du dragon anatolien soufflent jusqu'au bord du Léman.

Thierry Sartoretti/ld

Gaye Su Akyol, "Anadolu Ejderi" (Glitter Beat).

En concert au Cully Jazz Festival, Next Step, le 22 avril à 21h.

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Kokoroko remet à l'honneur la musique africaine

Les huits membres du groupe anglais Kokoroko sont en concert au festival de jazz de Cully ce samedi. Au début de l'aventure, Onome Edgeworth, percussionniste et co-fondateur du groupe, se trouve au Kenya avec Sheila Maurice-Grey, la trompettiste et leader de Kokoroko. Au fil de leurs discussions, les deux musiciens font le constat qu'il manque des musiciens africains à la scène musicale londonienne...

>> A écouter: l'interview de Onome Edgeworth, percussionniste et co-fondateur de Kokoroko :

Kokoroko. [Cully Jazz Festival - Jessica Madavo]Cully Jazz Festival - Jessica Madavo
Kokoroko en concert au festival de Cully / Vertigo / 7 min. / le 20 avril 2023

"Il y a tellement de jeunes Africains en Europe ou aux Etats-Unis qui ont grandi en écoutant et en aimant cette musique. Mais nous n'avons pas forcément un endroit où on peut aller la voir jouer et l'apprécier. On voulait changer ça", explique Onome Edgeworth à la RTS. Avec leur groupe qu'ils ont choisi d'appeler Kokoroko, onomatopée du cri du coq, les huit musiciennes et musiciens veulent réveiller les consciences afin de sortir la diaspora africaine de sa torpeur.

Propos recueillis par Michel Ndeze