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"Bomboloni", premier album solo gourmand et réparateur pour Aurélie Saada

Aurélie Saada. [DR - Diane Sagnier]
L'invitée: Aurélie Saada, "Bomboloni" / Vertigo / 23 min. / le 15 décembre 2022
Ex-moitié du duo glamour Brigitte pendant treize ans, Aurélie Saada a choisi de se lancer en solo. Dans son premier album, "Bomboloni", la chanteuse française dévoile des pans de son histoire, entre ombres et lumière, tout en explorant une féminité gourmande, fragile et sensuelle.

Une histoire d'amour qui se termine. C'est ainsi qu'Aurélie Saada qualifie la fin de son aventure avec Sylvie Hoarau, au sein du duo Brigitte: "On a eu treize ans extraordinaires, on a enregistré six disques, on a tourné dans le monde entier, c’était vraiment génial. Je crois juste qu’on est arrivées à un point où l'on n'était plus au même diapason, on n'avait plus envie des mêmes choses." Pas de fin tumultueuse donc, mais des parcours artistiques qui se séparent.

Le premier album en solo d'Aurélie Saada se nomme "Bomboloni"- mot qui veut dire "beignet" en italien -, mais qui désigne aussi un beignet bien particulier en Tunisie, pays d'origine des parents de l'artiste. Née en France, la chanteuse raconte les souvenirs qui ne lui appartiennent pas. Un sentiment partagé par beaucoup d'enfants d'immigrés.

C'est à l'occasion du tournage des clips accompagnant son nouvel album qu'Aurélie Saada s'est rendue en Tunisie pour la première fois de sa vie. Un souvenir bouleversant selon elle: "marcher dans les rues, sentir les parfums, voir à quel point je ressemble physiquement aux Tunisiens. C’était extrêmement émouvant pour moi".

Des métaphores culinaires

Pour l'écriture de ses textes, Aurélie Saada s'est beaucoup inspirée du lexique autour de la nourriture, à la fois terrible et merveilleux. "La nourriture, c’est à la fois le refuge, la famille, les souvenirs, mais ça peut aussi être extrêmement violent. Si l'on prend les expressions 'je te dévore' ou 'je suis mangée toute crue', il y a quelque chose d’à la fois érotique et dangereux", indique la chanteuse à la RTS.

Au niveau musical , "Bomboloni" fait une belle place aux musiciens et musiciennes, l'orchestration est généreuse. Aurélie Saada se reconnaît dans l'univers musical des années 1950-70: "moi, j’aime le rock, le jazz, quand ça déborde, quand la musique est gorgée d’images".

De la joie et des taches d'ombre

La joie est un véritable moteur dans la vie d'Aurélie Saada, qui n'hésite pas à se livrer dans ses nouvelles chansons. "Il y a des rythmes, des choses assez chaloupées, joyeuses, sensuelles. Et en même temps, des choses intimes, pas si heureuses que ça. Ce qui est important, c’est ce que l'on fait de la douleur. Moi j'aime en faire des chansons et des recettes. Et je trouve que nos peines et nos blessures sont aussi une forme de nourriture qui nous permet de construire des choses".

A titre d'exemple, "La grange aux belles" raconte, de manière douce et délicate, comment Aurélie Saada a été victime d'abus sexuels quand elle était toute petite. Si beaucoup d'artistes se cachent derrière leurs paroles, ce n'est pas son cas: "il y a une certaine ivresse à dire la vérité, j’ai besoin de ça. J’aime creuser l’intime et me jeter dedans. Prendre le risque d’être totalement vulnérable".

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web: Sarah Clément

Aurélie Saada, "Bomboloni" (Columbia).

En concert au Festival Voix de Fête, Genève, le 24 mars 2023.

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