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La jeune chanteuse Lakna, talent bien trempé du RnB suisse

Invitée culture: rencontre avec la chanteuse Lakna
Invitée culture: rencontre avec la chanteuse Lakna / 12h45 / 6 min. / le 19 octobre 2021
Avec son deuxième min-album RnB baptisé "Univers Observable", la jeune chanteuse fribourgeoise Lakna affirme sa féminité, son identité métisse et son ambition: percer dans la musique depuis la Suisse, entourée d'une équipe jeune et locale.

Lakna grandit à Treyvaux dans le canton de Fribourg, bercée entre la musique burkinabée chantée par son père griot et l’accordéon de sa mère. "Le griot, c’est le messager de la tradition orale au Burkina Faso. Mon père s’accompagne d’un n'goni, une sorte de harpe avec une calebasse. Il accompagne les légendes, les histoires des noms de famille, les chasseurs. Il chante souvent dans la rue à Genève!", explique Lakna à la RTS.

Fan de Beyoncé et Rihanna

Dès l'âge de sept ans, Lakna sait qu’elle veut devenir une star. La petite fille est déjà fan de Beyoncé et Rihanna, mais pas seulement. "J'aimais aussi les grandes divas de la soul, ou les plus jeunes comme Jazmine Sullivan". Après un passage à la Gustav Academy en 2019, elle arrête ses études pour se consacrer entièrement à la musique. Une voix basse qui peut taper haut, un grain qui groove et une présence scénique étonnante, tels sont ingrédients du succès de la jeune chanteuse.

Dans son 2e EP "Univers Observable", la petite fille qui se rêvait en Beyoncé a bien grandi. A 24 ans, Lakna est une femme qui en veut, et une artiste qui se donne à son public avec une énergie irrésistible. "Je ne suis pas une musicienne de studio, même si cela me plaît. Ce que je ressens sur scène, c’est la base de mon métier. Je me connecte au public, et il échappe à son quotidien durant un moment hors du temps. Je veux aussi que les femmes soient à l’aise à mes concerts, qu'elles puissent danser."

En concert, j’aime bien faire des blagues. Parfois, elles tombent à plat, mais peu importe! Ce sont des petits moments très importants.

Lakna

Une identité assumée

À la fois suisse et burkinabée, la chanteuse revendique aujourd’hui fièrement son identité métisse. Une double nationalité qui n’a pas toujours été facile à porter: "Dans un pays où la majorité des gens sont blancs comme la Suisse, c’est toujours mon côté burkinabé qui est visible. Et lorsque je vais au Burkina Faso, c’est mon côté blanc qui ressort. Je trouve donc très important de me définir en tant que femme métisse. Je ne suis pas la moitié de quelque chose."

Sa passion pousse aussi Lakna à embrasser sa féminité, en acceptant son corps tel qu’il est. "En 2021 et en tant que femme, se reconnecter avec la force de sa sensualité demande un certain travail. J’avais tendance à m’en couper, comme si je m’excusais d’avoir des formes, de parler fort, d’être sensuelle. C’est ce que j’ai voulu faire avec mon dernier clip, 'Gimme', où je me suis déhanchée!"

Musicienne en Suisse, une carrière difficile

Lakna décide de rester en territoire helvétique pour mener sa carrière. "Je pense qu'il est tout à fait possible de percer depuis la Suisse. Mon équipe et mes contacts sont ici. Les pop stars suisses ne sont pas assez visibles! Il y a pourtant énormément de talents chez nous."

Entourée d’une équipe jeune et locale, qui se sent parfois "sous-représentée dans les domaines de la production, du management et des réseaux sociaux", Lakna souhaite amener un nouveau souffle à son industrie. "Ce qui est très important pour moi, c’est de travailler avec des personnes qui me considèrent comme un investissement pour le futur. Elles donnent de leur temps et de leur argent pour que notre projet, Lakna, fonctionne. Pour l’instant, il est très difficile de vivre de sa musique en Suisse."

Propos recueillis par Cecilia Mendoza

Adaptation web: Myriam Semaani

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