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Le premier album posthume de Prince sort ce vendredi

Prince avait rendu un hommage à la région de Lavaux dans une chanson produite en 2010. [Fondation du Montreux Jazz Festival - Marc Ducrest]
Le premier album posthume de Prince sort ce vendredi / La Matinale / 1 min. / le 30 juillet 2021
"Welcome 2 America", premier opus inédit du chanteur et musicien phare de la fin du 20e siècle s'avère prophétique sur les tensions des Etats-Unis aujourd'hui. L'album sera en vente le 30 juillet.

Racisme, divisions politiques, technologie, désinformation: "Welcome 2 America", un album de 12 chansons, achevé en 2010 mais conservé pour des raisons inconnues dans la chambre forte du chanteur à Paisley Park, près de Minneapolis, semble augurer des crispations sociales actuelles aux Etats-Unis.

Alliant lyrisme et funk langoureux, Prince y décrit sa terre comme le "pays de la liberté" tout autant que celui des "esclaves".

L'artiste, mort à 57 ans le 21 avril 2016 après une overdose accidentelle de fentanyl, ignorait que quatre ans plus tard, sa ville serait secouée par la colère et les manifestations après la mort de George Floyd. Mais il n'en était pas moins un activiste, militant pour l'émancipation des personnes noires dans l'industrie du disque et au-delà.

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Mort du chanteur Prince: une autopsie doit être pratiquée pour éclaircir les circonstances du décès / 12h45 / 2 min. / le 22 avril 2016

Liberté et justice

Dans cet album qui sort le 30 juillet, Prince "s'attaque directement à la condition de l'Amérique", explique Morris Hayes, qui a longtemps été son claviériste et son directeur musical.

"J'ai vraiment aimé le côté brut de l'album et, en ce qui concerne ma production, j'ai juste voulu que ça reste brut, je ne voulais pas encombrer ce qu'il essaie de dire", poursuit Morris Hayes qui a coproduit l'album et compare Prince à "un sage assis quelque part dans l'Himalaya" tant il était en avance sur son temps. "Il voulait, je crois, un pays qui défende réellement ce qu'il dit défendre: la liberté et la justice pour tous", explique-t-il à l'AFP.

Critique face à l'industrie musicale

Pour Prince, être libre, c'était d'abord avoir le droit de disposer de ses biens. Il était connu pour ses critiques contre l'industrie musicale, lui qui avait griffonné le mot "slave" ("esclave") sur sa joue et qui avait changé son nom en un "symbole d'amour" ("love symbol") imprononçable dans les années 1990, pour protester contre la tentative de Warner de freiner sa prolifique production musicale.

Sur scène, en revanche, l'héritier de James Brown et Jimi Hendrix se livrait entièrement, offrant au Montreux Festival parmi ses concerts les plus mémorables.

>> A Montreux, des concerts mémorables :

Prince en 2013 au Montreux Jazz Festival.
MARC DUCREST/FFJM
Keystone [MARC DUCREST/FFJM]MARC DUCREST/FFJM
Un Prince multiple au Montreux Jazz Festival / Vertigo / 10 min. / le 21 avril 2021

Multi-instrumentiste – il pratiquait une vingtaine d'instruments- le musicien n'avait pas de téléphone portable. Il parlait aussi de liberté du point de vue technologique, en comparant les appareils électroniques, de plus en plus répandus, à des "menottes", confie aussi Morris Hayes.

Un album grave et dansant

Si l'album aborde des sujets résolument graves, comme le racisme dans "Running Game (Son of a Slave Master) ou les conflits religieux dans "Same Page, Different Book", il comprend aussi des morceaux plus légers et dansants, comme "Hot summer" ou "Dirty Mind".

Un nombre incalculable de chansons - plus de 8000, selon la légende - vivaient dans le coffre-fort de Paisley Park, même si une partie du contenu a été déménagé dans un centre de stockage mieux climatisé à Los Angeles.

Dans les années 1990,  l'auteur de "Purple Rain" avait confié à Morris Hayes qu'il venait de faire une pause pour la première fois. "Il m'avait dit: 'Jamais, dans ma carrière, il n'y a eu une semaine où je n'ai pas écrit une chanson ou pris ma guitare'."

Le sort de l'immense quantité de musique laissée par Prince est un sujet sensible, tant il contrôlait son travail, son image et sa personnalité énigmatique, soigneusement entretenus malgré la publication en octobre 2019 de son autobiographie inachevée.

"Je ne pense pas disparaître"

Jusqu'à présent, sa succession - gérée par sa soeur et ses cinq demi-frères et soeurs - a réédité des versions enrichies de ces albums marquants, ainsi que des démos de chansons.

Prince n'avait jamais été clair sur ses intentions concernant ses oeuvres inédites, mais il avait pris des mesures pour préserver ses archives et son domaine de Paisley Park, ce que ses héritiers ont interprété comme une volonté de les partager.

En 2014, il s'était montré sibyllin, quand le magazine Rolling Stone lui avait demandé ce qu'il voulait que son oeuvre devienne, une fois disparu. "Je ne pense pas disparaître", avait-il dit.

AFP/mcm

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