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La laborieuse renaissance de Liam Gallagher, ex-chanteur d'Oasis

Le chanteur anglais Liam Gallagher sur scène à Vienne, le 18 février 2020. [AFP - GEORG HOCHMUTH/APA]
Le chanteur anglais Liam Gallagher sur scène à Vienne, le 18 février 2020. - [AFP - GEORG HOCHMUTH/APA]
Un documentaire revient sur la difficile renaissance de Liam Gallagher après la dissolution de son groupe rock phare Oasis, copiloté avec son frère Noel. Après dix ans de tâtonnements et d'errances, le chanteur anglais a fini par s'épanouir en solo.

"Pour moi, c’était Oasis jusqu’à la mort." Et pourtant, c'est la mort dans l'âme que Liam Gallagher voit l'implosion d'Oasis un soir d'août 2009 au festival parisien Rock en Seine quelques minutes avant de monter sur sène.  Suite à une énième engueulade musclée avec son frère Noel, l'une des plus populaires formations du rock britannique tire la prise.

Depuis, Liam n'a plus revu Noel et le chanteur a été contraint de se réinventer, à l'ombre de ce frère qui avait signé tous les succès ("Supersonic", "Shakermaker", "Live Forever", "Wonderwall" ou "Morning Glory") d'une formation qui avait vécu dans les années 1990 "l'Oasismania", tandis que les médias exacerbaient leur rivalité avec Blur pour la première place au panthéon pop.

Le purgatoire

En préambule du documentaire immersif "Liam Gallagher: As It Was" (2019) réalisé par Gavin Fitzgerald et Charlie Lightening diffusé par Arte, qui retrace son parcours du combattant pour revenir au devant de la scène, Liam Gallagher déclare à présent: "Je suis fier d'être resté en vie (...) de ne pas être tombé en cours de route. Je ne me suis pas laissé enterrer par tous ces enfoirés qui annoncent ma mort depuis dix ans: il va pas tarder à crever, s'il ne se fait pas sauter la cervelle, il fera une overdose. Les gros titres sont déjà prêts; mais vous vous êtes emballés les gars, je suis là pour rester".

C'est une renaissance au long cours, près de dix ans, qu'a vécue le "bad boy" de Manchester qui affirme avoir traversé son purgatoire "pour la musique, pas pour la gloire ou l’argent". La rupture artistique autant que familiale l'avait visiblement sérieusement ébranlé. En proie à des addictions et des problèmes d’argent, il touche même le fond après le double échec de son mariage et de celui de Beady Eye, son groupe constitué dans la foulée avec d'anciens membres d'Oasis qui n'a sorti que deux albums avant sa dislocation. Après avoir rempli des stades, le rockeur doit se contenter de petites salles et de premières parties avec son répertoire qui n'a pas l'élégance racée d'Oasis. "Ça craint, hein ?", concède-t-il d’ailleurs à une journaliste.

La résurrection

Grande gueule prestement arrogante, Liam Gallagher finira toutefois par parvenir à conjurer l'enfer et retrouver son statut de rock star à la faveur d'un premier album solo publié en 2017, "As You Were ", qui se hisse en tête des charts au Royaume-Uni. Il doit aussi la fin de son chemin de croix à sa rencontre avec Debbie Gwyther, sa compagne et future manager, qui lui a redonné confiance en lui, goût à la musique et à la composition à la guitare.

Une chanson captée à l'improviste dans un pub et devenue rapidement virale, "Bold", signe son retour en grâce et lui permet de signer à nouveau avec une maison de disques. La poignée de ses morceaux se voit complétée par d'autres titres écrits par d'autres compositeurs pour un premier album solo aux fortes vertus convalescentes pour un Liam Gallagher montrant soudain une humilité inédite.

Le documentaire au sous-titre aussi exagéré que la mauvaise foi du rockeur - "Le plus grand comeback de l'histoire du rock'n'roll" - montre en tous les cas un Liam attachant, aux petits soins lors des visites chez sa mère ou très complice avec ses trois enfants, adepte de footings matinaux et d'une vie saine, surtout très lucide sur ses errances qui ont failli l'empêcher de se relever artistiquement.

Olivier Horner

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