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Dans l'antre du producteur électronique genevois Boodaman

L'artiste genevois Boodaman. [RTS - Michel Masserey]
Dans lʹantre de Boodaman / Vertigo / 12 min. / le 4 février 2021
Le producteur de musique électronique genevois sort un nouvel album intitulé "Subsequent". Ce passionné de synthétiseurs analogiques et modulaires a mis à profit le temps libre occasionné par la pandémie pour finaliser des compositions amples et mélodiques.

Stéphane Caviglioli, alias Boodaman, compose de la musique électronique depuis plus de trente ans. C'est en écoutant les albums de Jean-Michel Jarre qu'il a développé sa passion pour les synthétiseurs. Sa formation de technicien l'a précocement familiarisé avec les machines, qu'il a su dompter et qu'il bricole aujourd'hui dans son studio à Onex, près de Genève.

Quelques marches séparent son appartement de l'antre où il compose et enregistre ses morceaux. L'espace est réduit, mais très bien emménagé. Un petit salon accueille le visiteur, et sur des étagères, des figurines de manga et des jeux vidéo devenus vintage incarnent l'esprit pop du producteur.

Un travail de passionné

En cette fin janvier, Boodaman s'apprête à sortir un nouvel album, moins de deux ans après "Obédiences Electroniques". La période de semi-confinement lui a permis d'accélérer son rythme de travail. Par le passé, son rythme de production était plus lent. Il faut dire que longtemps, Stéphane Caviglioli a partagé sa passion pour la musique électronique entre le deejaying et la production, avant de se consacrer exclusivement à la composition et aux performances live.

"Le côté trop sectaire de la scène m'a fait basculer. Quand on est un DJ plutôt généraliste et qu'on a plusieurs styles, c'est difficile d'être booké par des organisateurs. Et puis, les gens faisaient trop souvent l'amalgame entre l'activité de musicien et de DJ. Il y avait une certaine frustration à voir les gens te féliciter après un live pour ton choix de mix", explique l'artiste à la RTS.

"Subsequent", une création mélodique

Aujourd'hui, Boodaman s'exprime exclusivement derrière ses machines. Dans son studio, les synthétiseurs s'accumulent: les siens mais aussi ceux qu'il répare. Une partie de l'espace est consacré à la remise en état de vieilles machines et avant tout de synthétiseurs modulaires. Stéphane Caviglioli est un amateur absolu de ces appareils analogiques.

Contrairement aux synthétiseurs classiques qui sont des appareils "finis", conçus par les constructeurs, les outils modulaires sont assemblés par l'utilisateur dans une boîte, un rack. En les manipulant, il peut fabriquer directement ses propres sons, les sculpter via des boutons, des potentiomètres et des câbles qui peuvent relier différents modules. "Le fait de connaître son instrument au point de savoir tout de ses entrailles change l'approche. L'aléatoire occupe une dimension importante, beaucoup de modules favorisent cela et permettent d'humaniser le travail musical".

Le nouvel album de Boodaman, "Subsequent", a été conçu quasi exclusivement avec ce type d'instruments. Un choix qui explique la rondeur des sonorités de cette dizaine de compositions, leur caractère fragile et quasi organique. Le Genevois privilégie le travail mélodique en multipliant les couches sonores. Plus que l'expérimentation bruitiste, c'est un souci d'harmonie qui nourrit son inspiration.

Michel Masserey/ld

Boodaman, "Subsequent" (Irascible Music).

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