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Ibrahim Maalouf, la quarantaine apaisée en "40 mélodies" feutrées

Ibrahim Maalouf. [DR - Yann Orhan]
L'invité : Ibrahim Maalouf, "40 mélodies" / Vertigo / 21 min. / le 25 novembre 2020
Pour ses quarante ans, le trompettiste jazz français publie "40 mélodies", un douzième album intimiste enregistré en compagnie du guitariste belge François Delporte qui a vocation à être "apaisant" en contrepoint de la folie de l'époque.

Ibrahim Maalouf a choisi de revenir à l'essentiel à l'occasion de ses 40 ans. Dans son nouveau double album simplement baptisé "40 mélodies", une trompette et une guitare suffisent à poser l'atmosphère intimiste, à peine perturbée par une nuée d'invités prestigieux conviés à distance durant le confinement.

En compagnie du guitariste belge et ami de longue date François Delporte, le trompettiste français dit à la RTS avoir voulu réaliser "un album apaisé et apaisant, serein". Un disque "d'introspections" qui s'inscrit en contrepoint "à la folie de l'époque". Il y revisite son répertoire à notes feutrées et épurées tout en y glissant quelques compositions inédites et y conviant des artistes tels que Sting, Marcus Miller, Richard Bona, Trilok Gurtu, Arturo Sandoval, Matthieu Chedid ou le Kronos Quartet.

Esprit baroque dans le jeu

Avec sa trompette microtonale à quatre pistons inventée par son père, Maalouf chemine donc à travers ses nombreux enregistrements, ses projets de bandes originales, les registres classique, oriental, jazz en se focalisant sur "la vérité de la mélodie". Un élagage qui permet au populaire musicien né à Beyrouth en 1980 d'éviter l'écueil des métissages passés pas toujours probants.

Celui qui a débuté comme soliste classique à l'adolescence a pratiqué beaucoup la musique baroque, et estime qu'"il y a d'ailleurs sur cet album quelque chose de très baroque, dans l'esprit du jeu entre la trompette et la guitare de François Delporte. Pas sur tous les morceaux évidemment, mais parfois on a l'impression que c'est un clavecin avec une flûte traversière. Il y a quelque chose de la musique baroque italienne et allemande d'une époque, qui constitue pour moi une inspiration depuis toujours".

Synthèse d'un parcours éclectique

Parrainé par Quincy Jones aux Etats-Unis depuis trois ans après une rencontre au Montreux Jazz Festival, où il devrait d'ailleurs se produire l'été prochain si la crise sanitaire le permet, Maalouf a quitté les ors du classique à partir des années 2000 pour embrasser le jazz, les musiques du monde et la pop, où sa capacité de colorer les musiques de ses improvisations a rapidement fait merveille.

Sting, Salif Keita, Amadou & Mariam, Matthieu Chédid ou Lhasa de Sela font alors appel à lui. Ces treize dernières années l'ont vu produire, composer, arranger et réaliser plus de quinze albums et signer de nombreuses œuvres symphoniques et musiques de longs métrages. Aujourd'hui, "40 mélodies" semble constituer une manière de synthèse de son savoir-faire en mode minimaliste. Exercice peu aisé qu'Ibrahim Maalouf réussit plutôt bien.

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert

Texte et adaptation web: Olivier Horner

Ibrahim Maalouf, "40 mélodies" (Mi'Ster).

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