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Florian Favre fait voguer son piano et le folklore de Fribourg

Le pianiste Florian Favre. [metro prod - Farah Jamshidian]
Florian Favre, piano flottant mais résolu / L'Echo des Pavanes / 39 min. / le 26 juin 2020
Sur le lac de la Gruyère, le musicien de jazz Florian Favre joue "Adyu mon bi payi" juché avec son piano sur un radeau. Filmées par un drone et une caméra de cinéma, les images de ce happening sont spectaculaires.

Il dérive mais son but est connu. Le 19 octobre dernier, Florian Favre interprétait au piano une version réinventée d’un classique du répertoire fribourgeois, "Adyu mon bi payi" ("Adieu mon beau pays"). Mais plus, il le faisait sur une plate-forme flottante, tavillonnée comme un toit de maison traditionnelle, voguant sur le lac de la Gruyère autour des ruines de l’île d’Ogoz. Publié le 30 juin, le clip d'"Idantitâ", identité en patois fribourgeois, permet de revivre cette expérience poétique.

Idée née de la Fête des Vignerons

Au départ du projet, la journée cantonale de Fribourg à la Fête des Vignerons, le 20 juillet 2019. Florian Favre y donne une performance similaire et le désir d’en donner un reflet filmé naît immédiatement. "Chez moi mais aussi autour de moi", confie le trentenaire. Et les bonnes volontés de s’arrimer rapidement au projet: des concepteurs du radeau de 600 kg en passant par l’association Fribourgissima-Image Fribourg pour le soutien financier, jusqu’à l’équipe de tournage qui contacte spontanément le pianiste sur la foi d’un post Instagram. Sans compter le tavillonneur qui s’avère être le propre cousin de Florian Favre. "Un gros élan de solidarité".

En octobre, tournage "de 9h à 19h" sur le lac de la Gruyère. Journée remplie qui voit le musicien jouer "au moins trente fois de suite la pièce"! La musique a été enregistrée en studio au préalable. Florian Favre doit donc jouer un curieux play-back avec lui-même (son bonnet couvre des écouteurs). Le plus dur ? "Pour l’équipe, c'était de toujours replacer le radeau: il partait avec le courant et il fallait sans cesse le remettre à sa position initiale !".

Le folklore comme une opportunité d'échange

Cette promotion des paysages de la région de Fribourg et de son patrimoine artistique est-elle naturelle pour un pianiste, certes fribourgeois mais à la carrière cosmopolite? "Venu du jazz, ce folklore me paraissait un peu vieillot, commence-t-il. Mais je me suis rendu compte que l’on peut faire ce qu’on veut avec une mélodie! La démonter, la couper, la développer davantage. Et que s’inspirer de ce folklore était "une opportunité pour échanger avec autrui".

Pour Florian Favre, le travail sur l’héritage fribourgeois pourrait bien continuer avec un enregistrement. Mais ce qui l’attend après l’été, c’est la promotion de son projet "Néology". Enregistré avec des musiciens, étasuniens notamment, on y entend le musicien au pied lacustre se transformer en rappeur depuis son piano. Nouvelle équipée, nouveau dialogue de traditions.

Benoît Perrier/olhor

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