On peut profiter du confinement pour prendre des cours d'ukulélé ou d’harmonica à l’aide de tutoriels sur Youtube, mais pour les élèves et étudiants qui suivent un cursus instrumental dans les conservatoires et Hautes Ecoles de musique, les institutions ont mis en place des salles de cours virtuelles.
Si on imagine comment se passe un cours de théorie par Skype, comment donner un cours d’instrument quand l’élève est à l’autre bout de l’écran? Exactement comme un cours de maths ou d’histoire à la différence près qu’il faut faire le deuil du "beau son" (à moins d’avoir un studio d’enregistrement à la maison). Mais avant de brancher leurs smartphones et autres écrans, les professeurs de musique ont dû réorganiser complètement leurs enseignements.
Modalités d'enseignement modifiées
Virginie Falquet, par exemple, qui enseigne le piano au Conservatoire de musique de Genève et à l’Ecole de musique de Pully donne des cours à 25 élèves, qui sont âgés de 6 à 37 ans. En temps normal, son taux d'activité de 70% est réparti entre les deux écoles de musique et l’occupe trois jours et demi par semaine. Mais depuis le début du confinement, elle a réorganisé son agenda: elle a regroupé ses enseignements sur deux jours et elle rencontre ses élèves sur Facetime, WhatsApp audio et vidéo. Virginie Falquet donne des cours de piano, mais elle propose aussi des jeux, des quizz et des "pistes" destinées à élargir la culture musicale avec la découverte de répertoires, de compositeurs et de pièces.
Un de ses élèves prépare quant à lui son concours d’entrée pour la Haute Ecole de musique de Genève (HEM). Cette année, il va devoir envoyer une vidéo pour son examen d’admission. Cette procédure pose la question des disparités entre les élèves, dont certains ne disposent pas forcément d’un équipement technique qui leur permette de livrer un bon enregistrement.
Concours d'entrée des écoles réorganisés
Et puis, au-delà des inégalités d’ordre technologique, comment faire, par exemple, quand on ne dispose pas d’un bon instrument à la maison? Virginie Falquet indique à ce propos que les pianistes risquent de se sentir quelque peu défavorisés car, contrairement aux violonistes ou hautboistes qui jouent toujours sur leur propre instrument, les pianistes devront enregistrer leur programme sur le piano qu’ils ont à la maison (certains jouent sur un clavinova), alors que lors d’un examen d’entrée dans une HEM, les pianistes jouent sur un beau piano de concert. Ce qui devrait induire un peu de clémence de la part des jurés des examens.
Reste qu'en ce moment, toutes les institutions musicales en Suisse et à l’étranger qui dispensent un enseignement professionnel sont en train de réorganiser les concours d’entrée qui ne peuvent être repoussés à plus tard, même en temps de confinement en raison de l'épidémie de coronavirus.
Anya Leveillé/olhor