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Joël Dicker: "Lire sur papier tous les jours, c'est ce qui construit notre cerveau"

#Helvetica: Joël Dicker, écrivain
#Helvetica: Joël Dicker, écrivain / #Helvetica / 19 min. / le 16 mars 2024
Au coeur de l'actualité littéraire avec son roman "Un animal sauvage", l'écrivain Joël Dicker était présent samedi sur le plateau d'Helvetica. L'occasion pour lui d'évoquer son nouvel ouvrage, mais aussi de pousser un cri d'alarme: à l'heure du tout écran, la lecture sur papier doit absolument être préservée.

Publié le 27 février dernier, "Un animal sauvage" est déjà en tête des ventes en Suisse ainsi qu'en France. Le livre raconte l'histoire de deux couples, l'un qui apparaît parfait sur le papier, et l'autre qui aimerait sans doute lui ressembler: tout cela sur le fond d'une intrigue, avec le braquage d'une bijouterie et de nombreux allers-retours dans le temps.

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Un nouveau polar pour Joël Dicker, qui donne par ailleurs cette fois-ci une grande place à la ville de Genève. "Je suis né ici, je vis ici. J'ai un attachement très fort à cette ville, je l'aime. J'avais envie de la raconter à mes lecteurs, pas seulement Genevois, mais du monde entier", explique-t-il.

"Je voulais raconter cette ville qui a cette particularité d'être à la fois très urbaine et très sauvage, avec cette nature. C'est une ville tellement grande par le nom et l'aura qu'on l'assimile à New York, Londres ou Paris. Et en même temps, c'est une petite ville par sa taille. La Suisse est un petit pays et je voulais parler de tout cela", ajoute-t-il.

"Mettre des livres entre les mains des enfants"

Le pari semble déjà gagné pour Joël Dicker, tant le succès est une nouvelle fois au rendez-vous pour son septième livre. Une situation qui ravit l'auteur.

"Ce qui me touche beaucoup, ce sont aussi les lecteurs qui me suivent depuis le début. Des lecteurs qui m'ont vu très jeune homme et qui me voient aujourd'hui un peu moins jeune, mais toujours avec cette bienveillance et cet accompagnement qui est vraiment très fort", détaille-t-il.

 On lit des articles en diagonale parce qu'on n'a pas la patience d'aller jusqu'au bout.

Joël Dicker, écrivain

Mais pour l'écrivain, tout n'est toutefois pas rose. Il s'inquiète notamment des problèmes de lecture, alors que selon le dernier rapport PISA, un jeune Suisse de quinze ans sur deux a du mal à comprendre un texte simple.

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"On ne lit pas assez sur le papier, parce qu'on a des écrans tout le temps (...) on lit sur écran, on lit sur les téléphones, on lit des articles en diagonale parce qu'on n'a pas la patience d'aller jusqu'au bout. On perd notre capacité de concentration, car elle vient de la lecture sur papier. Lire sur papier tous les jours, c'est ce qui construit notre cerveau", juge-t-il.

Les juifs sont les cibles aujourd'hui, qui seront les prochaines? (...) On est dans un monde qui ne se comprend plus, qui ne s'entend plus, parce qu'il est sujet à la désinformation. 

Joël Dicker, écrivain

L'auteur estime donc capital d'apprendre le geste aux tout petits, le plus rapidement possible. "On voit des fois des parents très fatigués, car l'enfant veut revoir la même page, encore et encore. Mais mettre des livres entre les mains des enfants, même s'ils tournent juste les pages, sans tout comprendre, c'est très important", ajoute-t-il.

"On est en train de saboter une partie de notre futur"

Les difficultés de lecture s'avèrent aussi être un vrai problème pour la vie démocratique, affirme encore Joël Dicker. "Si on ne comprend pas les enjeux d'un vote parce qu'on ne sait pas lire correctement, on ne vote pas et on met en danger notre démocratie", illustre-t-il, en ajoutant "qu'on est en train de saboter une partie de notre futur".

Pour l'écrivain, d'autres actes, comme l'attaque antisémite au couteau de Zurich la semaine dernière, prouvent aussi que l'ignorance gagne du terrain.

"Les juifs sont les cibles aujourd'hui, qui seront les prochaines? (...) On est dans un monde qui ne se comprend plus, qui ne s'entend plus. Pourquoi? Parce qu'il est sujet à la désinformation. On oublie notre devoir de citoyen de s'informer. On oublie notre devoir citoyen d'acheter de la presse, de lire des journaux indépendants, piliers de notre démocratie", conclut-il.

                

Propos recueillis par Jennifer Covo

Adaptation web: Tristan Hertig

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