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Joachim Roncin raconte l'histoire extraordinaire de son logo-slogan "Je suis Charlie"

Joachim Roncin. [Rudy Waks]
Lʹinvité: Joachim Roncin, "Comment jʹai créé Je suis Charlie" / Vertigo / 25 min. / le 19 janvier 2024
Dans "Une histoire folle - comment j'ai créé "Je suis Charlie" et le voyage en absurdie qui a suivi", Joachim Roncin revient sur lʹattaque du journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Et sur le logo-slogan "Je suis Charlie", créé depuis son bureau pour dire sa peine et son soutien.

Des lettres blanches sur fond noir qui, dans la sidération, vont réussir à rassembler une majorité presque instantanément. Le logo-slogan "Je suis Charlie", créé dans l'urgence par le graphiste Joachim Roncin le 7 janvier 2015 suite à l'attaque terroriste du journal Charlie Hebdo, sera partagé des dizaines de milliers de fois et repris aux quatre coins de la planète pour exprimer la solidarité et la douleur.

Pour la première fois dans un livre, Joachim Roncin revient sur les raisons qui l'ont poussé à écrire ces trois mots en premier lieu, et raconte l'étrange aventure qu'il va vivre par la suite, lui l'anonyme catapulté du jour au lendemain dans la lumière médiatique. "Aujourd'hui, je me sens beaucoup mieux qu'il y a neuf ans, grâce à l'écriture de ce livre notamment qui a été cathartique. J'avais besoin de lâcher cette chose qui ne m'appartenait pas vraiment, car ce sont les gens qui ont fait de mes trois mots un slogan", explique le graphiste français dans l'émission Vertigo du 19 janvier.

Le logo "Je suis Charlie" a surgi dans nos vies et se porte comme un brassard de deuil, signe de résistance, hommage mondial. Trois mots qui englobent pour Joachim Roncin "une forme de nostalgie d'une époque, un marqueur temporel", qui lui a rappelé sa jeunesse dans les années 1980 où traînaient sur la table du salon familial des magazines à la marge, contestataires, comme Hara Kiri, Charlie Hebdo, Actuel.

L'envers d'une tragédie

Le livre n’est pas un témoignage sur la tragédie de la tuerie de Charlie Hebdo, mais sur la comédie politico-médiatique que l'auteur découvrira alors - l’envers de la tragédie, qui l’éclaire en partie. Reprenant le déroulé chronologique des mois qui suivent les attentats, il nous emporte dans un récit à la fois grave et absurde, à l’image de notre époque.

Le harcèlement médiatique qu'a subi Joachim Roncin a failli avoir sa peau puisqu'il vivra burn-out et dépression. "Je voulais témoigner de tout ce qui m'était arrivé, parce que les gens n'imaginent pas et n'ont pas compris à quel point tout ça m'avait retourné", indique le graphiste aujourd'hui directeur artistique du design des Jeux olympiques de Paris.

Confessions et scènes loufoques

Loin d’un texte funèbre, "Une histoire folle - comment j'ai créé 'Je suis Charlie'" est un récit intime d’une désarmante sincérité dans lequel, avec humour et esprit, se mêlent confessions et scènes loufoques. A l'image de sa convocation à l’Ambassade d’Ukraine où le président Petro Porochenko désire le rencontrer pour avoir des conseils de communication diplomatique.

Joachim Roncin évoque aussi sa croisade auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) pour protéger ce slogan dont certains voudraient ici une tasse, là une marque d'artillerie, et défendre finalement de toutes ses forces l'esprit Charlie.

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert

Adaptation web: olhor

Joachim Roncin, "Une histoire folle - comment j'ai créé 'Je suis Charlie' et le voyage en absurdie qui a suivi", éditions Grasset.

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