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Remis de son agression, Salman Rushdie publie son nouveau roman

Salman Rushdie, auteur britannique, publiera un nouveau roman en septembre 2023. [AFP - JOEL SAGET]
Six mois après son agression, Salman Rushdie publie son nouveau roman / Le Journal horaire / 18 sec. / le 6 février 2023
Six mois après avoir été poignardé aux Etats-Unis, l'écrivain britannique Salman Rushdie sort un nouveau roman, "Victory City", le "récit épique d'une femme" au XIVe siècle qui va ériger une ville, subir l'exil et les menaces dans un monde patriarcal.

Achevé avant son agression au couteau, ce roman - sans doute l'un des plus attendus de l'année - de l'auteur d'origine indienne, est présenté comme la traduction de l'épopée historique de Pampa Kampana, une jeune orpheline dotée de pouvoirs magiques par une déesse, qui va créer la ville de Bisnaga, littéralement Victory City.

Le roman sortira en septembre prochain en France sous son titre original, a indiqué sa maison d'édition française Actes Sud.

Pas de promotion

L'écrivain ne fera aucune promotion pour présenter son 15e roman qui sort mardi aux Etats-Unis et jeudi au Royaume-Uni, a prévenu son agent Andrew Wylie dans le quotidien britannique The Guardian, même "si sa guérison progresse" depuis l'attaque qui a failli lui coûter la vie le 12 août dernier.

Un jeune homme s'était jeté sur lui armé d'un couteau alors qu'il s'apprêtait à prendre la parole lors d'une conférence à Chautauqua dans le nord-ouest de l'Etat de New York, près du Grand Lac Erié. Salman Rushdie, naturalisé américain et qui vit à New York depuis 20 ans, a perdu la vue d'un oeil et l'usage d'une main, avait annoncé en octobre son agent.

Depuis, l'auteur est resté éloigné des médias mais a recommencé à s'exprimer sur le réseau social Twitter depuis décembre dernier, le plus souvent pour relayer les critiques de son nouveau roman publiées dans la presse.

Dans une interview accordée New Yorker, Salman Rushdie a confié être loin d'être sorti d'affaire psychologiquement: "J'ai trouvé très, très difficile d'écrire; je m'assois pour écrire et il ne se passe rien; j'écris, mais c'est un mélange de vide et d'âneries, des choses que je rédige et que j'efface le lendemain."

Défendre la place des femmes

Icône de la liberté d'expression depuis qu'il vit sous le coup d'une fatwa pour l'écriture du livre les Versets Sataniques en 1988, Rushdie défend encore la puissance des mots dans "Victory City".

Avec pour mission de "donner aux femmes une place égale dans un monde patriarcal", selon le résumé de son éditeur Penguin Random House, son héroïne et poète Pampa Kampana, qui vivra près de 250 ans, sera aussi le témoin de "l'orgueil de ceux qui sont au pouvoir", et assistera à l'essor puis à la destruction de Bisnaga.

Son héritage au monde restera toutefois son récit épique, qu'elle enterre en guise de message pour les générations futures. Et le roman se conclut par cette sentence: "les mots sont les seuls vainqueurs".

Dans le New York Times, l'écrivain américain Colum McCann, ami de Rushdie affirme que l'auteur "dit quelque chose de très profond dans 'Victory City'". "Il dit 'vous ne pourrez jamais enlever aux gens la faculté fondamentale de raconter des histoires'. Confronté au danger, même face à la mort, il réussit à dire que tout ce que nous avons c'est le pouvoir de raconter des histoires".

afp/juma

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